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Lettre de la CPU n°62 — 28 janvier 2011

vendredi 28 janvier 2011, par Mathieu

Pour lire cette lettre sur le site de la CPU

Edito

Deux exemples tirés de notre séance plénière de janvier montrent qu’il est préférable que la CPU soit consultée en amont des décisions ou des publications qui concernent les universités. La répartition des moyens pour 2011 par le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche ou la publication par l’AERES de la synthèse des évaluations auxquelles l’Agence a procédé depuis sa création ont suscité chez les présidents la même incompréhension, parce que ni eux, ni la Conférence qui les rassemble, n’ont été informés ni consultés – encore moins associés !

Il ne s’agit pas de susceptibilité ou de la défense sourcilleuse de prérogatives qui seraient réservées à des présidents que des pouvoirs nouveaux enivreraient. Les responsabilités que nous exerçons, chacun dans nos établissements, nos réflexions collectives lorsque nous sommes rassemblés au sein de notre Conférence, nous donnent le rôle et le devoir d’éclairer tous ceux qui ont, comme nous, l’ambition de renforcer et de développer nos établissements dans le cadre du service public national de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Notre mission est aussi de traduire ces décisions ou ces publications dans des stratégies pour chacune de nos universités, partagées avec tous les membres et toutes les sensibilités de la communauté universitaire.

Quand on mesure l’ampleur des changements à conduire pour faire jouer à notre pays la place qui doit lui revenir dans la société mondialisée de la connaissance, la disponibilité, les compétences et la bonne volonté de présidents d’université qui représentent une large communauté académique ne devraient pas être négligées. Ils sont une condition de l’efficacité de la politique engagée.

Analyses régionales des évaluations 2007-2010 par l’AERES : une photographie un peu floue

A l’occasion de la plénière du 20 janvier dernier, le président de l’AERES, Jean-François Dhainaut et les directeurs des trois sections de l’agence sont venus présenter aux présidents une étude récemment mise en ligne, synthèse des évaluations des formations, des unités et des établissements, menées sur l’ensemble du territoire depuis les débuts de l’AERES en 2007. La publication de ces analyses régionales, qui procèdent des rapports ou notes d’étape existantes, intervient à l’issue d’un premier cycle complet d’évaluations. Ce travail, qui n’englobe ni les écoles, ni les EPST ou les EPIC, ne se substitue pas aux rapports, mais est destiné à donner une vision globale des travaux de l’agence. Il permet à l’AERES de souligner quelques grandes tendances :

• le fort développement des collaborations des universités avec leur environnement que ce soient les écoles, les EPST, les hôpitaux ou encore les milieux économiques, notamment à travers les pôles de compétitivité ou les Instituts Carnot.
• l’existence de licences de qualité dans maints endroits, liée à l’implication des acteurs davantage qu’à la taille des établissements.
• la corrélation étroite entre la qualité des masters et celle des unités de recherche support ainsi que le degré de fertilisation croisée entre recherche et enseignement.
• la concentration de l’excellence dans les grands centres scientifiques et universitaires, même s’il existe de l’excellence un peu partout.
• les effets bénéfiques des réseaux.

L’AERES est également revenue sur les choix de conception de ce panorama. Cette première édition est centrée sur les universités, l’AERES n’ayant pas évalué les écoles en vague B. Elle a aussi rappelé que les évaluations des unités de recherche de cette même vague avaient été effectuées par les équipes de la MSTP sous l’égide de l’AERES. En outre, la méthodologie a évolué d’une vague à l’autre.

Certains présidents ont réagi sur ce dernier point en insistant sur le fait que, pour les établissements de la vague B, trois ans s’étaient écoulés depuis la précédente évaluation et que l’image produite est en décalage avec la réalité actuelle. La pertinence d’une comparaison entre des institutions évaluées à des époques différentes, avec une approche méthodologique en évolution constante a été discutée. L’AERES, consciente de cette limite, a pris soin de la souligner dans la présentation méthodologique. L’Agence a considéré que cette étude demeurait pertinente, la méthodologie de l’AERES, si elle s’est affinée au cours des 4 campagnes d’évaluation, n’a pas été modifiée dans sa philosophie.

Les présidents regrettent aussi que l’AERES n’ait pas transmis cette étude aux responsables des établissements avant publication, comme cela se pratique pour les rapports d’évaluation, ce qui aurait permis de corriger les erreurs factuelles. L’AERES a précisé qu’il ne s’agit que d’une synthèse d’évaluations toutes déjà en ligne. Elle a confirmé que les erreurs signalées sont systématiquement corrigées dans le document en ligne, et invite les présidents à lui faire remonter les remarques qui subsisteraient sur la présentation de leur établissement.

Un autre aspect évoqué concerne les modalités d’évaluation des formations : le caractère réducteur des notes et leur impact fort, l’absence de visite sur site et la concertation insuffisante avec les acteurs de terrain affaiblissent la portée de l’évaluation des formations. L’AERES a rappelé qu’elle mène des concertations régulières avec tous les acteurs, notamment avec les vice-présidents de CEVU. Elle a indiqué que les modalités de mise en place d’une visite pédagogique étaient à l’étude et feraient l’objet de discussions avec les parties prenantes.

En soulignant la qualité des échanges, le Bureau de la CPU a exprimé le souhait que les modalités des évaluations et leur publication permettent de consolider, par des améliorations méthodologiques et une concertation continue avec les présidents et leur Conférence, le travail important réalisé par l’AERES depuis sa création et le modèle original d’évaluation dont elle est porteuse.

Rencontre avec les membres de la CP2U...

2ème épisode des articles présentant la nouvelle CP2U élue le 16 décembre dernier. Cette semaine, rencontre avec Camille Galap, président de la commission Vie de l’étudiant et questions sociales de la CPU, et président de l’Université du Havre ainsi que Jean-Pierre Gesson, président de la commission Relations internationales (Corie) de la CPU et président de l’Université de Poitiers.


Qu’est-ce qui vous a amené à vous représenter à la tête de votre commission ?

Camille Galap : Je pense que la vie étudiante est un sujet essentiel dans le cadre de l’évolution des universités. La commission doit porter ces sujets pour la CPU car cela contribue à la réussite des étudiants et renforce la visibilité et la richesse culturelle, associative, sportive, etc. de l’environnement de l’étudiant. Cette commission est également l’interlocuteur privilégié pour la CPU des organisations étudiantes et de tous les réseaux qui travaillent sur ces questions. J’ai senti qu’un grand nombre de présidents ont pris conscience de l’importance de travailler sur ces dossiers et souhaitent s’investir dans cette commission.

Jean-Pierre Gesson : Les établissements d’enseignement supérieur sont dans une phase de profond bouleversement dans notre pays mais la dimension internationale ne doit pas être oubliée car le monde qui nous entoure évolue également très rapidement. Le rayonnement futur de notre pays, sur tous les plans (économiques, culturels, …), dépend pour une part importante de l’enseignement supérieur et de la recherche. Contribuer avec les autres responsables universitaires à cette ambition, et plus précisément au renforcement de la place de l’Université française, me motive profondément.

Quelles sont les grandes actions menées par la commission ces deux dernières années ? Quel bilan ?

CG : La commission a été associée aux chantiers vie étudiante mis en place par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche. Ces chantiers ont notamment permis qu’un dixième mois de bourse soit proposé aux étudiants et l’écriture de deux chartes : la charte pour la dynamisation de la vie associative des universités, de développement et la valorisation de l’engagement étudiant et la charte pour le développement du sport à l’université. A travers son expertise, la commission a contribué au livre vert de Martin Hirsch dans le but de refonder la politique de la jeunesse. Au cours de ces deux ans des liens durables ont été créés avec les réseaux homologues : l’association des VP CEVU, la CEVPU, l’ADSSU, le GNDS, AUC, etc.mais également avec les organisations étudiantes représentatives, les associations étudiantes, les mutuelles étudiantes, etc.

JPG : La Corie est le lieu d’échange sur toutes les questions de politique de coopération universitaire internationale. Les demandes liées aux nombreux partenariats existants impliquant les établissements, les conférences, les opérateurs en lien avec les ministères concernés, constituent une part importante de son activité. Sans être exhaustif, on peut cependant citer quelques actions significatives de la CPU avec certains pays : le Maroc (dans le cadre d’un Fond de Solidarité Prioritaire), le Brésil, la Chine, la Russie, l’Algérie, les Etats-Unis et le Vietnam (projet d’Université de Sciences et Technologies de Ha Noi). Bien entendu, les relations de la CPU avec ses homologues européens et internationaux sont également nombreuses : des rencontres notamment avec les conférences allemande, italienne, britannique, et des liens avec les conférences canadienne, chilienne, colombienne, russe, québécoise, etc. Des accords de reconnaissance mutuelle d’études et de diplômes et des conventions de coopération académique interconférences ont été signés avec plusieurs pays : Autriche, Australie, Chili, Colombie, Russie (déclaration d’intention), etc. Deux rencontres annuelles ont été instaurées en 2010 avec les responsables des relations internationales des établissements-membres de la CPU. En termes de bilan, et malgré les nombreux sujets qui accaparent l’intérêt des présidents, leur présence et leur implication au sein de la commission et dans les réunions internationales a été plus forte. L’élection de l’un des nôtres au board de l’EUA (la conférence européenne des présidents d’université) est également à souligner.

Quels sont les grands chantiers et objectifs pour l’année 2011 ?

CG : L’année 2011 sera l’année européenne du bénévolat et du volontariat, cela sera pour la CPU l’occasion de continuer à avancer sur la reconnaissance et la valorisation de l’engagement étudiant à travers la signature de la charte sur la valorisation de l’engagement étudiant mais aussi sur la prise en compte de l’expérience du service civique dans les cursus. Cette année sera aussi le moment, suite au rapport du président Ethis sur la culture, d’accroître la réflexion sur ce sujet au sein de la commission. Enfin, sans chercher l’exhaustivité sur les sujets, il est nécessaire d’actualiser le guide de l’accueil des étudiants handicapés dans les universités afin de répondre aux nombreux changements qui se sont opérés sur ce sujet ces dernières années.

JPG : L’année 2011 s’engage avec une programmation d’événements déjà lourde : rencontres franco-allemandes, réunions et séminaires communs avec plusieurs pays, année du Mexique en France, etc. La commission souhaite un renforcement des liens avec certains pays stratégiques : Brésil, Inde, Canada, Etats-Unis, etc. Mais nous voulons également traiter des questions générales en lien avec d’autres commissions et les responsables Relations internationales des établissements comme celle de l’accueil des étudiants internationaux ou des codiplomations. Nous serons également attentifs aux évolutions de certains opérateurs comme Campus France et nous voulons renforcer nos liens avec d’autres partenaires des établissements comme l’Association Universitaire de la Francophonie (AUF) et l’agence Europe Education Formation France (2E2F).

Recommandations pour le 8e PCRDT

La CPU plénière du 20 janvier a adopté à l’unanimité des « recommandations pour la préparation du 8e programme-cadre pour la recherche et le développement technologique (PCRDT) et l’avenir de l’Espace Européen de la Recherche (EER) ».

Dans ce cadre, elle réaffirme l’importance des programmes européens communautaires intégrant des approches ascendantes (bottom up) et descendantes (top down). Il s’agit d’assurer la pluralité et la diversité de la recherche. La CPU souhaite qu’un équilibre soit préservé entre les mesures de soutien à la recherche fondamentale et à la recherche appliquée.

Les universités veulent être parties prenantes de l’élaboration de la stratégie de l’EER et du 8e PCRDT. Ainsi la CPU demande à être associée aux initiatives de programmations conjointes, ou du moins, aux structures de prospective. De son côté, et pour faciliter l’accès des universités aux initiatives de programmations conjointes, la CPU propose de mettre davantage en avant un cartographie des axes forts de la recherche des universités.

La CPU réaffirme également son intérêt pour une meilleure articulation, d’une part entre les programmes européens et d’autre part entre les programmes européens, nationaux et régionaux afin d’assurer la continuité de la chaîne d’innovation. Une politique régionale européenne au service de la recherche et de l’innovation dans les territoires, et donc un renforcement des actions des fonds structurels, sont nécessaires.

La CPU demande aussi une simplification administrative, un effort de rationalisation dans l’offre des programmes européens ainsi qu’une harmonisation des règles de participation et des outils de justification communs aux différents programmes européens.

Enfin, la CPU affirme l’importance du triangle de la connaissance, enseignement, recherche, innovation, pour les universités. Il joue un rôle essentiel dans le renforcement des processus d’innovation et constitue un véritable accélérateur pour les spécialisations et croissances régionales.
D’une manière générale, la CPU souhaite que le volet éducation soit davantage pris en considération dans les projets européens. L’enseignement et la formation représentent les vecteurs par excellence du transfert de connaissance ainsi que la base de la recherche et de l’innovation de demain.
Brèves de séance

La CPU a tenu sa séance plénière du mois de janvier : retrouvez un résumé des sujets à l’ordre du jour sur son site Internet.