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Appel solennel de SLR

10 juin 2008

mardi 10 juin 2008, par Laurence

Sauvons l’Université ! s’associe pleinement aux termes, aux objectifs et aux modalités
d’action de ce courrier solennel de Sauvons la Recherche.

"Nous nous adressons aujourd’hui solennellement à tous les citoyen(ne)s
signataires de notre pétition de 2004.
Nous voulons tout d’abord vous informer de l’extrême gravité des menaces
qui pèsent sur le monde académique. Nous vous demandons ensuite de
relayer
ces informations auprès de votre famille, vos amis, vos élus. Nous
espérons
enfin que tous ceux et celles qui se reconnaissent dans la notion de
service
public d’enseignement supérieur et de recherche apporteront, comme en
2004, un
soutien actif aux initiatives que la communauté académique sera amenée à
prendre dans les semaines et mois à venir pour sauvegarder son
existence et
son avenir.
En effet, ces derniers jours, de nouvelles informations confirment la
gravité
de la situation, que nous décrivons plus loin. Aussi avons-nous décidé
de
lancer des actions importantes, avec notamment le blocage du Conseil
d’Administration du CNRS le 19 juin, de nombreuses actions locales
décidées
en région et une grève administrative, si nos demandes ne sont pas
respectées (voir http://www.sauvonslarecherche.fr/spip.php?
article1921
). Ces
actions nécessitent la mobilisation de tous ceux qui travaillent dans la
recherche et l’enseignement supérieur. Des assemblées générales sont
actuellement organisées sur les différents campus, il faut les
démultiplier
dans tous les laboratoires jusqu’au 19 juin pour informer tous nos
collègues,
déterminer les modalités de la mobilisation du 19 juin et préciser les
formes que prendra la grève administrative.

Alors que les protestations contre la politique de Valérie Pécresse se
multiplient (voir sur notre site
http://www.sauvonslarecherche.fr/spip.php?article1906 et
http://www.sauvonslarecherche.fr/spip.php?article1912), après une « 
marche de
tous les savoirs » qui a réuni 10 000 personnes en France (voir
http://www.sauvonslarecherche.fr/spip.php?article1901), nous avons le
devoir
d’arrêter ces réformes qui nous sont imposées sans aucune concertation,
contrairement aux allégations de la ministre.

Le gouvernement est en effet en train d’essayer de mettre l’enseignement
supérieur et la recherche sous son contrôle direct et au service de
l’économie, incapable de comprendre que la science n’est pas un simple
outil
technique de production de richesses. Françoise Héritier, professeure au
Collège de France, répond à cette conception : "Même des sciences
humaines
et sociales, on attend qu’elles rapportent ! Des bénéfices existent,
mais ils
sont de l’ordre de la compréhension et de la connaissance, ce qui est
déjà
énorme. Personne ne peut évaluer la valeur marchande de l’œuvre de
Lévi-Strauss.
" De même Albert Fert (prix Nobel de Physique 2007)
déclare :
« Les chercheurs doivent être conscients des problèmes de société… mais
on ne peut pas imposer une finalité stricte à la recherche
 ». Mais le
gouvernement ignore ces évidences et continue sa marche forcée.
Aujourd’hui, il a décidé de s’attaquer au CNRS, organisme de recherche
de
réputation internationale, car celui-ci pouvait jusqu’à aujourd’hui
conduire
une politique scientifique élaborée par des chercheurs et non par des
politiques.
Le gouvernement veut ainsi imposer un découpage du CNRS en instituts
indépendants, dont la nomination des directeurs et les budgets seraient
contrôlés directement par le pouvoir politique. Cela signifierait la
disparition du seul opérateur global de la recherche fondamentale en
France.
Cette disparition entraînerait l’affaiblissement de tous les secteurs
de la
recherche publique, en particulier la recherche universitaire, puisque
dans la
plupart des UMR (Unités Mixtes de Recherche), un des partenaires est
universitaire. L’inquiétude est particulièrement grande pour certains
secteurs, tels que l’informatique ou les sciences de la vie,
disciplines qui
seraient chapeautées par des organismes à vocation de recherche
essentiellement finalisée, au détriment de la recherche fondamentale.
Quant
aux SHS (Sciences Humaines et Sociales), leur présence au CNRS serait
fortement réduite.

La décision de démanteler le CNRS devrait être prise lors de son Conseil
d’Administration (CA), le 19 juin, seul habilité, aujourd’hui, à
décider de
cette restructuration. Mais la réunion du CA du CNRS du 19 juin ne
doit pas
avoir lieu ! Nous sommes en effet décidés à bloquer ce processus de
destruction et appelons tous les personnels, avec les syndicats, à
empêcher
le 19 juin le pouvoir de faire croire que sa "réforme" se fait avec
l’assentiment des personnels concernés. Ces derniers ont, depuis des
années,
fait des propositions pour une autre réforme de la recherche et de
l’enseignement supérieur. Nous sommes très nombreux à demander :

- Le non-démantèlement du CNRS en Instituts pilotés par le gouvernement.

- La création de 5000 postes dans l’enseignement supérieur et la
recherche
afin d’améliorer l’encadrement en premier cycle et d’accroître
l’activité de
recherche des enseignants-chercheurs, de réduire la précarité
croissante à
laquelle on assiste aujourd’hui et enfin de permettre une réduction
des taches
administratives de plus en plus lourdes qui incombent aux
enseignants-chercheurs, chercheurs et ingénieurs de recherche et qui les
empêchent de faire leur métier.

- Un plan de développement permettant à toutes les universités, et pas
seulement à quelques unes d’entre elles, d’avoir des locaux répondant
aux
normes de sécurité, et dont nous puissions être fiers au lieu d’en avoir
honte.

- Une dotation budgétaire décente pour les organismes de recherche et
les
universités, condition indispensable à une autonomie véritable (et non
fictive, comme c’est le cas actuellement), notamment en reversant à ces
établissements une partie importante du budget de l’Agence Nationale
de la
Recherche.

Une grève administrative sera déclenchée immédiatement si le
démantèlement annoncé du CNRS devait être décidé le 19 juin ou effectué
à la sauvette cet été. Cette grève pourra prendre des formes multiples :
refus des directeurs d’unité de signer des documents administratifs,
refus de
remettre des rapports scientifiques ou financiers, refus de participer
à des
commissions d’évaluation pour l’Agence d’Evaluation de la Recherche et
de
l’Enseignement Supérieur, etc. Nous ferons également appel à ce moyen de
pression, utilisé avec succès en 2004, pour faire aboutir les autres
demandes
vitales pour notre système d’enseignement et de recherche mentionnées
ci-dessus. Ces questions deviendront en effet brûlantes au moment du
vote des
budgets, à l’automne, qui pourraient reproduire la baisse des crédits
de base
des laboratoires et l’absence de création d’emplois que nous avons
subis cette
année."