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Classes fermées : Chatel ne sait compter ni les élèves, ni les profs - Pierre Polard, Rue89, 1er mai 2011

dimanche 1er mai 2011, par Elie

Luc Chatel a annoncé, mardi 26 avril, qu’environ 1 500 classes seront fermées dans le primaire à la rentrée prochaine. Il s’est empressé d’ajouter qu’« au total, à la rentrée prochaine, il y aura plus de professeurs et moins d’élèves qu’il n’y en avait il y a quinze ans dans le système éducatif ». Il y a « quinze » ans, et pas dix ni vingt.
Par cette affirmation, le ministre de l’Education nationale veut nous signifier que, malgré les suppressions de postes, les moyens ne baissent pas. Cela peut paraître paradoxal de la part de quelqu’un qui appartient à une famille politique qui répète qu’en matière de services publics, et notamment d’éducation, les moyens ne font pas tout.

Mais au-delà de ce paradoxe, on peut s’interroger sur la pertinence de cette référence au milieu des années 90 (« Il y a quinze ans », cela correspond à 1996). Je n’ai pas le souvenir que cette période fût spécialement un âge d’or de l’Education nationale.

Un peu moins d’élèves, et encore moins d’enseignants

Pourquoi ne pas prendre l’année 2000, par exemple ? On s’apercevrait alors que, dans le premier et le second degré, le nombre d’élèves est passé de 12 166 400 à 11 978 800 aujourd’hui, soit une baisse de 1,5% . Dans le même temps, les effectifs d’enseignants (public et privé sous contrat) sont passés de 874 627 à 852 907 soit une baisse de 2,5%.

Il y a donc, là encore, un peu moins d’élèves, mais encore moins d’enseignants.

Et la tendance n’est pas près de s’inverser, car le nombre d’élèves va augmenter en 2011 d’environ 63 500, d’après une note de la Direction de l’évaluation de la prospective et la performance du ministère de l’Education nationale. Alors que, dans le même temps, 16 000 postes d’enseignants vont être supprimés. (Télécharger la note)

Cela pourrait être acceptable si la France disposait d’effectifs d’enseignants vraiment pléthoriques. Or, ce n’est pas le cas. Pour s’en convaincre, il suffit de consulter les comparaisons internationales.

Une baisse du taux de scolarisation

Selon les statistiques de l’OCDE, citées par l’étude « L’Etat de l’école » du ministère de l’Education nationale, le nombre moyen d’élèves par enseignants dans le premier degré était de 19,9 en France en 2008 contre :

- 18 en Allemagne,
- 14,4 en Finlande,
- 12,6 en Belgique,
- 10,6 en Italie.

Mais toutes ces considérations sur les effectifs passent sous silence un paramètre pourtant très important : le taux de scolarisation. Si on appliquait le taux de scolarisation de 2000, ce serait environ 230 000 élèves supplémentaires que le système éducatif devrait accueillir dans les premier et second degrés (dont la moitié d’élèves de 2 ans dont le taux de scolarisation est passé de 35% à 18%).

Cela résulte-t-il de la politique d’économie engagée par ce gouvernement et les précédents depuis 2002 ? Cela traduit-il la perte de confiance des élèves et de leurs parents dans l’école, les conduisant à en sortir plus rapidement ? Quoiqu’il en soit, cela est révélateur la stagnation du système éducatif français.

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