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Lettre de Stéphane Tassel (Snes-Up) et Serge Chabrol (Snep) à Valérie Pécresse (14 juin 2011) : demande de moratoire sur le CLES 2 et le C2i2e

mardi 14 juin 2011, par Laurence

Paris, le 14 juin 2011
Madame Valérie PECRESSE
Ministre de l’Enseignement Supérieur
et de la Recherche
1, rue Descartes
75231 – PARIS CEDEX 05

Madame la Ministre,

Quel que soit leur projet, il est souhaitable que les étudiants aient un niveau correct de pratique de langue étrangère à
l’issue d’un master. Ce niveau peut être le niveau B2, qui correspond au CLES 2.

Pour atteindre cet objectif, l’enseignement relatif à la pratique d’une langue étrangère doit être intégré aux cursus de
licence et/ou master et évalué dans ce cadre, sans pour autant qu’il ait besoin d’une certification extérieure
complémentaire.

Actuellement, l’obligation pour tout futur enseignant d’avoir obtenu une certification de niveau CLES 2 et le C2i2e pour
avoir accès au statut de fonctionnaire stagiaire après sa réussite au concours rencontre de nombreux obstacles
insurmontables pour les étudiants.

Atteindre le niveau CLES 2 dans la pratique d’une langue étrangère nécessite un travail continu dans la durée, qui ne
peut se faire que durant plusieurs années d’études. Il faudrait donc installer cette formation dès les premières années
de licence, formation exclue jusque là du pseudo plan licence. Cette formation représente un coût important en
moyens (humains, matériels et financiers) à la charge des universités. Cette charge imprévue creuse des inégalités
déjà importantes suivant les établissements.

Les étudiants qui entrent actuellement en master pour être enseignants n’ont pu bénéficier d’un tel enseignement et ne
peuvent donc acquérir en un an les aptitudes correspondant à ce niveau. Des étudiants pourront donc être lauréats du
master et admis au concours, mais risquent de perdre le bénéfice du concours s’ils n’ont pas le CLES 2. Cette
certification exerce un barrage supplémentaire pour lequel ils ne sont pas préparés. Ce sont ainsi tous les efforts
considérables des étudiants menés sur deux ou trois ans et leur réussite à des concours difficiles qui se trouveraient
anéantis par la seule absence d’un certificat que les cursus universitaires normaux ne pouvaient les préparer à obtenir.
Cette certification peut bloquer l’accès légitime de cohortes importantes d’étudiants au débouché naturel de leur
formation : la carrière d’enseignant titulaire de la fonction publique. Est-ce le but recherché ?

Cette sélection aura donc des conséquences très dommageables, en pénalisant notamment les disciplines, où les
effectifs de candidats sont faibles par rapport aux besoins (en sciences en particulier). En empêchant des lauréats des
concours et détenteurs de masters d’être affectés en poste, elle mettra en péril la continuité du service public. Des
étudiants de Licence et de Master renoncent actuellement à leur projet professionnel d’enseignant pour cette raison.
Le ministère souhaite-t-il après avoir formé et recruté des étudiants les recruter comme contractuels ?

Cette mesure constitue également un obstacle pour les concours internes. Elle pénalise aussi fortement les candidats
qui ont fini leurs études, par exemple en reconversion professionnelle, en reprise d’études ou en Validation d’acquis de
l’expérience, et les dissuade de devenir enseignants.

Des problèmes analogues se posent pour le C2i2e.

Alors que de graves problèmes sont à résoudre concernant la formation des enseignants et leur accès au métier, nous
demandons un moratoire de 5 ans sur l’obtention du CLES 2 et du C2i2e pour que les universités aient le temps de
réfléchir aux meilleurs moyens d’assurer ces formations et de construire des parcours intégrés dès la licence. Il faut
aussi du temps pour que le ministère, s’il souhaite le développement d’un tel dispositif, dégage des moyens pérennes
spécifiques pour les établissements.

Au moment où certains étudiants seraient tentés de se détourner de leur cursus et où de nombreux autres sont
soucieux de gérer au mieux leurs études- notamment en M2-, le moratoire doit être annoncé immédiatement.

Nous vous prions d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de notre haute considération.

Stéphane TASSEL, Secrétaire Général du SNESUP, Serge CHABROL, Secrétaire Général du SNEP

Syndicat National de l’Enseignement Supérieur – 78, rue du Faubourg Saint-Denis – 75010 – PARIS

Syndicat National de l’Education Physique – 76, rue des Rondeaux – 75020 – PARIS