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Idex : Motion présentée au CA de l’Université du Maine, 16 juin 2011
vendredi 17 juin 2011
Après la phase de dérégulation profonde du cadre national obtenue par la LRU, est venu le temps de la hiérarchisation des universités. Le dispositif « Investissements d’Avenir » lancé par le gouvernement en 2010 a pour objectif annoncé de privilégier un maximum de 10 campus dits d’excellence et à transformer la grande majorité des universités non élues en établissements de seconde catégorie, voire en collèges universitaires centrés sur la formation de niveau licence, sans masters ni laboratoires de recherche. Ce processus ne peut que renforcer les disparités à l’échelle nationale et dans les régions, privant d’importantes zones géographiques de l’accès à l’enseignement supérieur, excluant des pans entiers de la Recherche de sources de financement pérennes, instaurant de fait des Universités à deux vitesses. Ainsi, dans sa configuration soumise au jury, le projet d’initiative d’excellence IDEX « IC Ouest », élaboré à la hussarde a exclu délibérément plus de 60 % des forces de recherche des régions Bretagne-Pays de la Loire dont de nombreuses UMR CNRS, INSERM, INRA au rayonnement national et international incontesté…
Le verdict est tombé : seulement 7 projets IDEX ont été retenus dans la première vague. « IC Ouest », a été rejeté sans équivoque (8 critères notés C ; 4 notés B ; aucun A). La question est désormais posée de savoir s’il est légitime de suivre les évaluateurs qui indiquent des orientations toujours plus restrictives centrée sur le Mer et les sciences de l’information et le communication : « Une excellence dans l’enseignement et la recherche qui pourrait mener à une visibilité internationale : information-communication et sciences de la mer » ou de rejeter, une bonne fois pour toutes, ces montages imposés avec mépris par le ministère, réalisés dans l’opacité, hors de tout cadre légal (CA des établissements, CA du PRES…) et laissant pour compte des pans entiers de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche.
Parce que nous ne sommes ni déçus ni surpris par les choix du jury « international », nous, administrateurs de l’Université du Maine, entendons proposer un autre schéma. Pour stopper la mise en concurrence permanente et délétère des établissements, des laboratoires, des équipes, des personnels et la destruction des coopérations construites de longue date qui sont pourtant le socle de notre communauté, nous proposons un schéma d’inspiration fédérale collaboratif devant reposer sur les principes fondamentaux suivants :
1- La création des savoirs doit rester indépendante (dans ses modes de financement et d’évaluation), des pressions économiques et politiques, trop souvent axées sur une vision utilitariste à court terme de la recherche et de l’enseignement supérieur. La connaissance ne peut se résumer à l’innovation et à la valorisation technologique, même s’il est légitime qu’elles aient leur place au sein de notre communauté.
2- Cette « fédération » doit garantir l’égalité et la pérennité de tous les établissements publics qui la composent, ainsi que le développement harmonieux de l’ensemble des disciplines universitaires. Elle doit se doter d’instances et de modes de fonctionnement démocratiques impliquant les personnels et les usagers.
3- Elle doit concourir à un aménagement territorial équilibré, en s’opposant à la surconcentration des moyens d’un côté et à la désertification de l’autre.
4- Elle se doit de garantir un égal accès aux études supérieures à tous les étudiants en veillant à ce que les frais d’inscription ne deviennent ni un levier de sélection ni une source de financement incontournable comme cela est le cas pour les « Grands Etablissements ».
Les administrateurs de l’Université du Maine sont disponibles pour œuvrer avec leurs collègues des autres sites de la Région à la mise en place de ce schéma « fédéral inter-régional ».
(19 voix pour et 5 abstentions).