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Les Barbues s’emparent du micro au colloque sur l’université de l’Institut Montaigne - Isabelle Rey-Lefebvre, blog de la rédaction du Monde Éducation, 27 septembre 2011

mardi 27 septembre 2011, par Sylvie

L’institut Montaigne, think tank libéral plutôt marqué à droite, avait, lundi 26 septembre, convoqué les plus hautes autorités universitaires et politiques pour tirer le bilan de quinze années de réforme des établissements d’enseignement supérieur, en France. Le président de la République, Nicolas Sarkozy, est même venu en personne introduire le colloque, rappelant, au passage, son refus de voir augmenter les droits d’inscription universitaire, comme le proposait le "think tank" Terra Nova (libéral, mais de gauche).

Le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Laurent Wauquiez, a, lui, vanté, pendant près de deux heures, les mérites de la loi sur l’autonomie des universités, quatre ans après son adoption. Le coréen Youngsuk Chi, président du prestigieux éditeur scientifique hollandais Elsevier et membre du conseil d’administration de l’université américaine de Princeton, avait la lourde tâche de livrer le regard de l’étranger sur notre système.

La barbe attaque

L’ancien ministre et chercheur, Claude Allègre, a conclu en donnant sa vision des universités d’aujourd’hui et de demain, devant plusieurs présidents d’universités (Strasbourg, La Rochelle), le président du CNRS, Alain Fuchs, et des personnalités éminentes comme René Ricol, "Monsieur Grand Emprunt" puisque commissaire général à l’investissement chargé de répartir la manne de 35 milliards d’euros.

Du beau monde, certes, mais entièrement masculin et, alors que cette docte assemblée allait aborder les comparaisons internationales et le fameux classement de Shanghai, peu flatteur pour la France, huit jeunes femmes arborant des barbes, évidemment fausses, ont interrompu les débats. Après quelques secondes d’hésitation amusée, l’animateur a volontiers laissé son micro à la porte parole du collectif féministe : "La Barbe tenait à rendre un vibrant hommage à l’Institut Montaigne, pour l’exemplarité de son colloque qui réunit 15 intervenants dont 14 hommes ! Et il ne pouvait en être autrement : le corps universitaire le plus honorable, celui des professeurs d’universités, ne comporte t-il pas 80,3% d’hommes et le prestigieux aréopage de la Conférence des Présidents d’Universités, 87% ?", a-t-elle rappelé. "Il est rassurant de constater que les hommes continuent d’occuper sans partage les postes importants", ironisait-elle, félicitant "Nicolas, Laurent, Claude, Alain, René et Youngsuk de contribuer à maintenir ce juste état des choses", tout en égratignant l’Institut Montaigne dont "le comité directeur est masculin à 80 %".

Quelques applaudissements ont conclu cette performance : "Suis-je dédouané, car j’ai été le directeur adjoint de cabinet d’une ministre femme ?" (Valérie Pécresse), demandait, en reprenant le micro, Thierry Coulhon, ex-président de l’université de Cergy Pontoise et aujourd’hui responsable du programme initiatives d’excellence auprès du commissaire général à l’investissement. Alors trêve de plaisanterie, les filles ! Les débats doivent reprendre...

Isabelle Rey-Lefebvre

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