Accueil > Revue de presse > Tribune : "Pour un débat national sur l’enseignement supérieur et la recherche (...)

Tribune : "Pour un débat national sur l’enseignement supérieur et la recherche et un moratoire sur les IDEX", Sciences2, S. Huet, Libération

lundi 3 octobre 2011, par yann

Didier Chatenay, Frédéric Hourdin, Claude Meunier et Alain Trautmann, quatre scientifiques connus pour leur engagement dans la défense de la recherche et de l’Université m’ont envoyé une tribune : "Pour un débat national sur l’enseignement supérieur et la recherche et un moratoire sur les IDEX". Je la publie bien volontiers.

Par ailleurs, je signale sur le blog Universitas les réponses des candidats à la primaire socialiste à des questions sur l’université et la recherche.

Sur la question du financement des équipes, il peut être intéressant de se reporter à cet article paru dans Nature le 29 septembre dernier. Voici la tribune :

« Le texte qui suit vise à alerter sur la profonde déstructuration du système actuel d’Enseignement Supérieur et de Recherche (ESR), qui est opérée sous couvert des "Investissements d’Avenir".

Notre pays risque de payer pendant longtemps les conséquences de cette déstructuration, si la politique du gouvernement actuel est menée à son terme, en prolongation d’une direction donnée depuis une dizaine d’années par différentes forces politiques et économiques. La France dispose d’un système particulier de recherche publique s’appuyant à la fois sur les universités et sur des organismes de Logo Cnrs recherche spécialisés (INSERM, INRA) ou généraliste (CNRS). La recherche de ce dernier se fait pour l’essentiel dans des Unités Mixtes de Recherche (UMR), au sein desquelles la politique nationale s’articule avec les politiques locales des Universités, sous le contrôle du ministère, dans le cadre de la contractualisation. Les UMR constituent une organisation et un mode de fonctionnement collectif de la recherche avec lequel notre pays a obtenu des résultats scientifiques remarquables et une renommée qui attire de nombreux chercheurs étrangers. Ces résultats sont d’autant plus remarquables que le budget alloué en France aux universités et aux organismes de recherche, rapporté au PIB, se situe en dessous de la moyenne des autres pays de l’OCDE : la France n’est qu’au 26e rang mondial pour les crédits de recherche et développement civils en pourcentage du PIB pour l’année 20101. Plus grave, notre retard se creuse car l’effort de recherche français stagne depuis des années alors qu’il est en nette croissance dans les pays du nord de l’Europe, par exemple.

L’amélioration la plus importante à apporter à l’ESR serait budgétaire. Si le contexte social et économique est difficile, c’est précisément dans un tel contexte que la défense des services publics (santé, école, etc...) y compris de l’ESR est absolument cruciale. L’Etat affecte actuellement une partie du budget censé soutenir la recherche au Crédit Impôt Recherche (CIR), dispositif très onéreux (5,8 milliards d’euros en 20092), bénéficiant surtout aux grandes entreprises, avec une efficacité pour la recherche plus que douteuse (voir le rapport de la Cour des comptes à ce sujet (3). Pour comparaison, la somme affectée par le CNRS au fonctionnement et à l’équipement de ses laboratoires en 2009 est de 480 millions d’euros (4), soit 8% du CIR !

Plutôt qu’une amélioration basée sur une analyse de la situation réelle, c’est un bouleversement du système de l’ESR en France que le pouvoir politique actuel est en train de mettre en place. L’opération la plus récente s’appelle Investissements d’Avenir et s’intègre dans le cadre du Grand Emprunt.

Pour lire la suite de la tribune sur le blog de S. Huet