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Primes d’excellence scientifique : à l’Inria, l’école de management a rendu sourde la direction - Déclaration de Serge Steer, élu SNCS-FSU au CA de l’Inria, au nom du SNCS-FSU et du SNTRS-CGT de l’Inria (13 octobre 2011)

jeudi 20 octobre 2011, par Laurence

Lors du conseil d’administration de l’Inria le 13 octobre 2011, la direction a présenté un bilan des trois campagnes précédentes d’attribution des primes d’excellence scientifique et a proposé des aménagements pour la campagne 2011. Les chiffres sont criants. Campagnes groupées 2009-2010 : 117 candidats, 60 primés. Campagne 2011, 59 candidats, les non-primés de l’année précédente ? (et 34 primés). L’appel au boycott des 3 organisations syndicales a été suivi. Ce n’est pas ce que conclut le « groupe de travail » composé de 8( !) membres dont 4 directeurs et 2 membres de la DRH, qui prétend que « les chercheurs ont adapté leur comportement au nombre de possibilités d’attribution ». Ce n’est pourtant pas faute d’avoir fait du bruit, pétition, consultation des chercheurs, refus des élus de la commission d’évaluation de siéger dans une commission ad hoc d’attribution des PES. La direction de l’Inria serait-elle devenue sourde ?

Les propositions pour l’année 2011 sont tout aussi déplacées : proposition de faire baisser la prime pour les « juniors » de 6000 à 5000 euros - pour augmenter l’attractivité du recrutement ? -, les seniors gardant leur prime de 9000 euros. Logique étrange de managers qui reconnaissent d’une main le désarroi des agents de l’Inria dans l’exercice de leurs métiers - et en prennent prétexte pour mettre en place des procédures de "suivi des chercheurs" - et aggravent de l’autre main les conditions de travail par l’institution de primes au mérite. Dans une version précédente du texte soumise aux organisations syndicales, il avait même été envisagé de recourir aux ressources propres de l’institut pour financer ces primes. Gaffe ou ballon d’essai ? Le texte soumis au CA ne le mentionne plus.

Le texte qui suit est une déclaration de Serge Steer, élu SNCS-FSU au CA de l’Inria, au nom du SNCS-FSU et du SNTRS-CGT de l’Inria.

Pour le lire sur le site du SNCS

SNCS/FSU SNTRS/CGT

Le bilan présenté aujourd’hui par la direction de l’Inria sur la mise en place des primes d’excellence scientifique prouve une nouvelle fois que la direction ignore avec mépris les chercheurs et leurs représentants.

Alors que le SNCS et le SNTRS ont porté dès le 7 décembre 2009 au PDG de l’Inria une pétition demandant que les PES ne soient pas mises en place, pétition signée par 340 personnes, alors que la consultation organisée par le SNCS en 2010 auprès des chercheurs a révélé que 63% des 259 chercheurs de l’Inria qui se sont exprimés se sont déclarés opposés à la mise en place des PES, alors que les organisations syndicales se sont toutes déclarées opposées aux PES et ont appelé unanimement au boycott en 2010, la direction ose conclure que "Le taux de candidature est par ailleurs divisé par deux entre les deux vagues du processus, phénomène assez naturel si on considère que les chercheurs adaptent leur comportement aux nombres de possibilités d’attribution." Non, le faible taux de participation traduit le refus de cette prime par de très nombreux chercheurs .

Alors que la PES était destinée à améliorer l’attractivité, la direction envisage, dans ses propositions d’évolution, de réduire le montant de la prime des CR juniors. Quel mépris envers des jeunes pourtant recrutés avec des concours incroyablement sélectifs (180 candidats pour 2 postes de CR2 nationalement cette année !), et alors que ce sont les salaires d’entrée qui sont scandaleusement bas et devraient être les mieux revalorisés. Les PES grèvent déjà gravement la masse salariale de l’institut qui, en 2011, était déjà trop basse pour ouvrir le nombre de postes nécessaires au remplacement de tous les agents partant à la retraite, et pourtant nos calculs prouvent que, en moyenne, le budget de la PES correspond à peine à la perte de pouvoir d’achat des rémunérations enregistrée depuis janvier 2009, ce qui implique que ce sont les 80% des chercheurs n’ayant pas la prime qui payent pour les heureux élus et que tous perdent sur leur future retraite.

La direction a pourtant mis en place un groupe de travail sur les risques psycho-sociaux, et des procédures de détection des chercheurs en difficulté. Elle semble donc bien avoir conscience des difficultés des chercheurs comme des autres agents de l’Inria, pour exercer correctement leur métier tant les directives venant de l’Europe, du ministère, de l’ANR, de l’AERES ignorent la réalité de la recherche pour n’en conserver que des prix, des chiffres, des coûts, et imposent une compétition aussi insensée que contre-productive.

Il est clair que la direction joue au pompier pyromane, instituant d’un côté une prime qui ne fera qu’aggraver le malaise, et cherchant à "accompagner" les chercheurs en difficulté de l’autre. Décidément votre logique de managers n’est pas celle des chercheurs. Les aménagements proposés ne corrigent en rien les défauts majeurs de cette prime, que nous avions déjà dénoncés ici même lors de sa mise en place.

Nous vous demandons de suspendre les PES et nous demandons au ministère l’ouverture de négociations pour des vraies revalorisations de salaire pour tous.