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IDEX2, LABEX2 : Un projet de désertification scientifique- Communiqué du SNESUP, février 2012

dimanche 19 février 2012

Le 3 février 2012, le premier ministre a communiqué la liste des lauréats de la 2ème vague des « Idex ». Sorbonne universités, Sorbonne Paris Cité, Saclay, Aix-Marseille et Toulouse s’ajoutent ainsi aux 3 premiers lauréats de la première vague (Strasbourg, Bordeaux et Paris Sciences et Lettres). La carte de France des investissements d’avenir compte 8 campus « d’excellence » labellisés pour moitié en Ile-de-France, avec une dotation globale en capital de 7.7 milliards d’euros. Dans la foulée, le ministre de l’Enseignement supérieur a annoncé le 14 février 2012 les noms des 71 lauréats à l’appel à projets Labex 2, qui se partageront une dotation de 534,5 millions d’euros (en partie financée au titre de l’Idex). Ils s’ajoutent aux 100 Labex déjà sélectionnés.

PRIME A LA FUSION ET AUX RECULS DÉMOCRATIQUES

Un premier constat est manifeste : pour avoir une chance d’être sélectionné, il fallait avoir renoncé à une logique de coopération entre établissements, accepté de voir disparaître ses prérogatives en matière de formation, de recherche et de personnels,choisi la fusion, et récusé la démocratie universitaire. Le président du jury, Jean-Marc Rapp, avait beau s’en défendre ("Le choix du moyen de s’associer entre établissements, ce n’est pas le jury qui l’impose"), il n’en reste pas moins que la gouvernance resserrée au nom de la cohérence ou de la lisibilité du projet constituait un élément clé corrélé aux fusions d’établissements. Les prises de décisions locales ont été d’une opacité inédite et en aucun cas le résultat d’une construction de la communauté de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche.

UNE CONCENTRATION POUSSÉE A SON PAROXYSME

Le deuxième constat concerne la concentration en Ile de France des Idex : si 36 % des chercheurs et enseignants-chercheurs sont concentrés dans cette région (31,8 % des A+ et A de l’AERES, 37 % des financements ANR selon les chiffres de l’Officiel de la Recherche et du Supérieur), c’est la moitié des Idex qui s’y retrouvent, avec trois sur quatre dans Paris intra-muros, excluant de fait toutes les structures périphériques sauf le projet Paris Saclay que le Président de la République et le gouvernement voulaient imposer.
. L’effet dévastateur de ces choix est tel que L. Wauquiez s’est senti obligé de préciser que pour les Labex, "cette seconde vague n’a rien d’une session de rattrapage". Certes la moitié des nouveaux labex ne sont pas dans le cadre d’un Idex, mais la quasi absence de lauréats dans certaines zones géographiques (le Nord, l’Ouest…) et de certaines disciplines -notamment en ALLSHS- ne fait que confirmer le cadre malthusien et restrictif d’une politique assujettie à la SNRI.

Les chiffres globaux assénés par le ministre sont dénués de sens : affirmer que « 25 % des projets labellisés Labex 2 concernent les SHS, 75 % hors de Paris" ou que « des Régions comme l’Auvergne, la Picardie ou la Franche Comté ont très bien réussi à sortir leur épingle du jeu", ne prend pas en compte le fait que le jury semble avoir très fortement favorisé les projets liés avec des projets de l’Ile de France ou des grands pôles présélectionnés. Jamais la question d’un aménagement du territoire équilibré de l’enseignement supérieur et de la recherche n’a été une préoccupation. Ce ne sont pas les affirmations du commissaire général adjoint à l’investissement parlant "d’une carte équilibrée, … [où] chacune des Régions a tout de même trouvé son avantage comparatif » qui masqueront cette carence.

Le couperet est tombé, séparant les « labellisés » de la majorité des exclus. Devant un ministre qui persiste dans une politique « d’excellence dans l’enseignement supérieur" pour quelques rares élus. Le SNESUP récuse une politique construite sur la mise en concurrence, la division et l’exclusion, aboutissant à une désertification scientifique. Il est plus que jamais nécessaire de garantir des financements récurrents à un niveau suffisant pour permettre aux collègues d’accomplir librement leur mission d’enseignement et de recherche dans tous les champs de la connaissance, tout particulièrement dans sa dimension de recherche fondamentale. Le SNESUP exige de réaffecter d’urgence à la MIRES les sommes affectées à l’ANR ainsi que les ressources extra-budgétaires, de supprimer l’AERES et l’ANR et de réaffirmer le rôle du Comité National de la Recherche Scientifique.