Accueil > Revue de presse > Le décret sur l’évaluation des enseignants publié in extremis, Revue de presse, (...)

Le décret sur l’évaluation des enseignants publié in extremis, Revue de presse, MàJ 9 mai 2012

mercredi 9 mai 2012, par Sylvie

Le texte du décret est disponible ici


Le Nouvel Observateur avec AFP

Peillon : le décret sur l’évaluation des profs "sera abrogé"


09-05-2012

Le décret sur l’évaluation des enseignants publié mardi au Journal officiel, sera abrogé "dès la prise de fonction de François Hollande", a annoncé Vincent Peillon.

"Dès la prise de fonction de François Hollande et la mise en place du nouveau gouvernement, ce texte sera abrogé", selon Vincent Peillon. Le conseiller éducation dénonce dans un communiqué un "passage en force" et un "mépris du dialogue social" de la part du gouvernement sortant.

"La gestion de ce dossier important a constitué, de la part du gouvernement sortant, un modèle de mépris du dialogue social dont il fut coutumier. La date retenue pour la publication constitue aussi un passage en force du point du vue politique peu compatible avec les usages républicains et tout à fait inacceptable", écrit Vincent Peillon. Le décret a été signé lundi et publié mardi.

"Le jeu de dupe" de l’équipe Chatel

Le conseiller éducation critique également "le jeu de dupe, qui a consisté pour l’équipe de Luc Chatel à laisser croire, durant l’automne 2011, que les discussions au fond de ce dossier majeur se poursuivraient", or "aucun échange constructif n’a en réalité eu lieu".

Les nombreux amendements du ministre (Luc Chatel) proposés dans une totale improvisation lors du comité technique du 15 mars ont de plus montré le degré d’impréparation du dossier", ajoute Vincent Peillon."

"C’est pourquoi, dès la prise de fonction de François Hollande et la mise en place du nouveau gouvernement, ce texte sera abrogé", conclut-il, en réponse aux syndicats qui l’ont demandé mercredi.

Une mesure contestée par les syndicats

Après deux grèves organisées les 15 décembre et 31 janvier pour "exiger le retrait" du projet, une nouvelle mouture avait été rédigée mais n’avait pas donné satisfaction. Le 8 mars, une large intersyndicale avait boycotté une réunion devant débattre du projet de réforme, ce qui a entraîné son renvoi au 15 mars.

Le décret prévoit que l’évaluation de l’enseignant est fondée sur un entretien réalisé tous les trois ans par son supérieur hiérarchique direct. Les syndicats craignent que ce nouvel entretien unique ait un impact négatif sur leur carrière, notamment sur leur salaire.


Le Monde.fr
Evaluation des enseignants : réforme publiée... aussitôt recalée

Par Aurélie Collas

Publier un décret controversé au lendemain d’une élection présidentielle qui a vu la droite échouer ? Luc Chatel, encore ministre de l’éducation nationale pour quelques jours, l’a fait ! Mercredi 8 mai, il a fait paraître au Journal officiel sa très décriée réforme de l’évaluation des enseignants, qui vise à confier cette mission au chef d’établissement - en lieu et place de l’inspecteur d’académie -, et ce dès la rentrée de septembre. Ce sont aussi les chefs d’établissement qui détermineront l’avancement de carrière des professeurs.

Réforme publiée... aussitôt recalée. Dans un communiqué envoyé le 9 mai au matin, Vincent Peillon, conseiller "éducation" durant la campagne de François Hollande et pressenti pour succéder à Luc Chatel, annonce que "le texte sera abrogé dès la prise de fonction de François Hollande et la mise en place du nouveau gouvernement ". Autrement dit, à partir du 15 mai.

Voilà de quoi réconforter l’ensemble des syndicats de l’éducation qui, depuis la publication du texte, crie au "passage en force". "Le fait de sortir un décret une fois l’élection passée, quand on sait que le nouveau gouvernement ne souhaite pas l’appliquer, ce n’est pas républicain !, s’insurge Thierry Cadart, secrétaire général du SGEN-CFDT. Cela consiste à déposer des mines sur le parcours du nouveau gouvernement !"

"ULTIME PROVOCATION"

"Faire paraître ce décret alors que l’élection a eu lieu, c’est une ultime provocation, dénonce de son côté Christian Chevalier, du SE-UNSA. Le dialogue social n’a vraiment pas fonctionné sur ce dossier."

C’est peu de le dire. Depuis la révélation, en novembre 2011, d’un premier projet de décret sur l’évaluation des enseignants, les mobilisations se sont succédé. Une grève le 15 décembre 2011, une autre le 31 janvier. En mars, un second projet de réforme - quasiment identique au premier - a été rejeté par l’ensemble des syndicats d’enseignants. Le ministère a maintenu malgré tout le projet tel quel.

Le décret publié le 8 mai supprime la "double notation" des enseignants : la note "administrative" - attribuée par le chef d’établissement sur des critères comme la ponctualité, l’assiduité et la prise d’initiatives - et la note "pédagogique", la plus importante pour la carrière, donnée par l’inspecteur après sa visite en classe. Dans la nouvelle organisation, c’est le chef d’établissement qui endosse le rôle d’évaluateur. Il doit mener, tous les trois ans, un "entretien professionnel" pour chaque enseignant. Le décret modifie aussi l’avancement de la carrière des professeurs.

La question de l’évaluation des enseignants sera évidemment soulevée par le prochain gouvernement. "C’est une question qui devra s’inscrire dans un dialogue global sur l’évolution du métier d’enseignant : ses missions, sa formation, son temps de travail, son mode d’évaluation...", prévient Christian Chevalier. Ce "dialogue global" pourrait démarrer dès l’été.


Le Monde.fr

Tollé après la publication du décret modifiant le système d’évaluation des enseignants

09.05.2012

Le décret modifiant l’évaluation des enseignants et dont la publication au Journal officiel a provoqué un tollé parmi les syndicats enseignants sera abrogé dès la prise de fonction de M. Hollande, a indiqué Vincent Peillon, chargé de l’éducation dans l’équipe du candidat socialiste durant la campagne, mercredi 9 mai.

Plus tôt dans la matinée, les syndicats enseignants étaient montés au créneau pour en contester la publication. "Publier ce décret au lendemain de l’échec de Nicolas Sarkozy est l’ultime provocation et agression qui est la traduction de l’état d’esprit qui a présidé le fonctionnement de ce gouvernement et de ce ministre de l’éducation nationale", Luc Chatel, a dit Daniel Robin, du SNES-FSU. "Nous allons demander à l’équipe de François Hollande d’abroger rapidement ce décret même si par ailleurs, comme nous l’avons toujours dit, il est nécessaire que des discussions aient lieu sur les modalités et l’organisation de l’évaluation des enseignants", a dit M. Robin.

"C’est un passage en force alors que nous sommes dans une période de transition", a renchéri Sébastien Sihr, du Snuipp-FSU, premier syndicat dans le primaire, rappelant que le texte avait "été unanimement critiqué". "C’est un décret qui, pour le Snuipp-FSU, doit être mort-né. On s’adressera très rapidement au nouveau ministre pour qu’un de ses premiers actes soit l’abrogation du décret", a dit M. Sihr. "On ne peut pas ouvrir une nouvelle séquence pour l’école avec un texte qui est un objet de contentieux très fort, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas nécessité d’ouvrir une véritable réflexion et une véritable concertation pour améliorer l’évaluation des enseignants. Le sujet ne doit pas être remis sous le tapis", a-t-il ajouté.

Pour la fédération UNSA Education, la "publication postérieure au deuxième tour de l’élection présidentielle" du texte signé lundi et publié mardi "est d’autant plus inacceptable que ce décret altère gravement le déroulement de carrière des personnels concernés". Les syndicats réclament l’abrogation du texte qui avait suscité des grèves et manifestations en décembre et en janvier.

L’UNSA Education "ne saura se satisfaire du maintien du statu quo". Elle va demander au nouveau gouvernement de "suspendre immédiatement l’application du décret et d’ouvrir une négociation reprenant le dossier au fond". "Dans le cadre de la refondation de l’école, il est nécessaire que l’évaluation (...) permette de prendre en compte toutes les dimensions du métier d’enseignant", ajoute la fédération.


BLOG Médiapart

Nous ne regretterons pas M. Chatel !

Pour lire ce blog sur le site de Médiapart

09 Mai 2012

Par Alain Refalo

Ultime provocation d’un ministre aux abois sur le départ, Luc Chatel publie, en date du 7 mai, un décret scandaleux sur l’évaluation des enseignants, synthèse de sa politique libérale-autoritaire envers l’école. Mépris envers les enseignants, imposture des pseudo-réformes qui ont fait souffrir l’école, apologie du pilotage par les chiffres et la compétition, tel est le bilan de Luc Chatel que nous ne regretterons pas.

La seule priorité de ce ministre a été de vouloir inculquer les méthodes du « managment par le stress » à l’école, en dehors de toute considération humaine et éducative pour les élèves et les enseignants. Evaluationnite aigüe, fichage des élèves, externalisation des dispositifs d’aide aux élèves en difficulté, remise en cause de la liberté pédagogique, contrats d’objectifs chiffrés, la litanie est longue des mauvais coups qu’il a portés à l’école de la nation. Sans oublier les dizaines de milliers de suppressions de postes.

Dans la foulée de son successeur, Xavier Darcos, il a rompu durablement l’indispensable lien de confiance entre l’autorité hiérarchique, l’encadrement intermédiaire et les enseignants du primaire, lien de confiance sans lequel il est impossible de construire quotidiennement une école du progrès pour tous. C’est une politique de la suspicion permanente qui a été érigée en système, plongeant les enseignants dans le désarroi, le doute, la résignation et la souffrance.

Il a voulu caporaliser les enseignants du primaire en exigeant leur obéissance inconditionnelle à des injonctions hiérarchiques constituant un reniement de l’éthique de leurs missions. Il a voulu acheter leurs consciences en instituant des primes pour ceux qui, servilement, feraient passer les évaluations nationales, symboles de la culture de la performance chiffrée et de la compétition des uns contre les autres.

Face à la résistance éthique et responsable de milliers d’enseignants du primaire qui, dès 2008, ont affirmé ouvertement qu’en conscience, ils refusaient d’obéir et d’appliquer des dispositifs contraires aux valeurs de l’école de la République, il n’a eu de cesse d’ordonner aux inspections académiques de les poursuivre et de les sanctionner.

La défaite de l’ancien ministre, c’est qu’aucun d’entre eux n’est rentré dans le rang. Aucune sanction, financière, disciplinaire, ne les a dissuadés de continuer à résister pour le bien de leurs élèves. Face à une politique désastreuse et sans honneur, ils ont été les véritables garants de la continuité du service public d’éducation.

A l’heure où Luc Chatel quitte son ministère, nous restons à notre poste pour affronter les difficultés qui se sont accumulées. Avec la fragile espérance que demain s’écrira une nouvelle page pour les enfants de ce pays.

Alain Refalo

Enseignant du primaire en résistance