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Geneviève Fioraso annonce quinze mesures pour améliorer l’impact économique de la recherche, M.-C. Corbier, Les Echos, 8 novembre 2011

lundi 19 novembre 2012

A lire sur le site des Echos

La France « prend du retard » sur les pays développés et les émergents, la recherche publique ne génère pas assez d’emplois industriels, déplore la ministre de la Recherche, Geneviève Fioraso. Elle a dévoilé hier une série de mesures censées y remédier.

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Dépenses R&D

C’est «  l’un des points faibles de la France » et l’une des raisons du déclin des emplois industriels, affirmait hier la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Avec son homologue au Redressement productif, Arnaud Montebourg, et la ministre déléguée aux PME, à l’Innovation et à l’Economie numérique, Fleur Pellerin, Geneviève Fioraso a présenté en Conseil des ministres une communication qui vise à « refonder » la politique de transfert de la recherche.

Cette phase de transfert, c’est le « passage de la trouvaille à la mise sur le marché », pour reprendre l’expression du député PS Christophe Borgel. « La recherche publique française est au meilleur niveau mondial dans de nombreux domaines », affirme la ministre de la Recherche, mais « son impact économique n’est toujours pas au niveau des autres grands pays développés ». Résultat : « La France prend du retard par rapport aux autres pays développés et aux émergents », déplore-t-elle.

Diffuser les technologies

La recherche et développement représente 2,26 % du PIB français, contre 2,82 % en Allemagne, tandis que la Corée du Sud entend faire passer cette part de 5 à 7,5 %. Et les entreprises françaises développent trois fois moins de brevets que leurs homologues allemandes. Or, le nombre d’emplois industriels est corrélé à celui des brevets.

Pour « changer la donne », Geneviève Fioraso a annoncé hier 15 mesures qui portent tout à la fois sur la mobilité des chercheurs entre secteur public et secteur privé, sur une meilleure insertion des doctorants dans les entreprises ou encore sur un meilleur accompagnement des entreprises issues de la recherche publique. Le ministère entend notamment diffuser les technologies issues de la recherche publique vers les PME et les entreprises de taille intermédiaire (ETI). Car seules 700 à 800 entreprises françaises sont concernées, contre 10.000 en Allemagne, regrette Geneviève Fioraso. Cette diffusion des technologies vers les PME et les ETI a été enclenchée par le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, mi-octobre à Nantes. L’idée consiste à diffuser de la recherche technologique et à la transformer en innovation auprès des PME et des PMI sur trois sites qui serviront de plates-formes expérimentales - Nantes, Bordeaux et Toulouse. Parmi les mesures annoncées, figure aussi l’idée de créer davantage d’entreprises issues de la recherche publique en les accompagnant au mieux, notamment pour qu’elles traversent sans dommage « la vallée de la mort », ce moment critique où les start-up ont besoin de fonds pour développer leur innovation.

Parmi les 15 mesures, la plupart doivent être mises en oeuvre à l’été 2013, à commencer par la clarification du Code de la recherche sur la politique de transfert. D’autres risquent de prendre encore plus de temps, à l’instar de ce que Geneviève Fioraso appelle « les verrous culturels qui relèvent de la pratique des acteurs ». Car faire en sorte que les chercheurs s’investissent dans la production industrielle ou dans les services à l’industrie ne se décrétera pas...

Portée par la publication du rapport de Louis Gallois sur la compétitivité, l’annonce de Geneviève Fioraso coupe néanmoins l’herbe sous le pied à un autre rapport sur l’optimisation du système de transfert et d’innovation, que la ministre a elle-même commandé. Il est attendu pour le début 2013, juste avant le futur projet de loi sur l’enseignement supérieur et la recherche.

MARIE-CHRISTINE CORBIER