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Assises de la recherche : les doctorants invisibles ? - S. Huet, {Sciences2}, 27 novembre 2012

mardi 27 novembre 2012, par Mariannick

Les Assises de l’Enseignement supérieur et de la recherche se poursuivent ce matin avec la restitution des Ateliers et la conclusion.

La Confédération des Jeunes Chercheurs attire l’attention dans un communiqué sur le problème de la représentation des doctorants dans la gouvernance du système universitaire. Le voici :

La représentation des jeunes chercheurs : l’oubliée des Assises

Un engagement présidentiel

François Hollande s’était engagé durant sa campagne présidentielle à réformer la loi LRU, notamment via « une gouvernance plus collégiale et démocratique » (engagement n°39 parmi les 60 engagements pour la France, le projet de François Hollande).

Le 17 février 2012, Vincent Peillon s’était également engagé en ce sens au nom du candidat François Hollande : « C’est dans le cadre de cette réforme que la représentation des jeunes chercheurs devra être reconnue et mise en œuvre dans les collèges académiques ».

Après son audition par le comité de pilotage, ainsi que la diffusion d’un document sur la mise en place d’un collège spécifique pour les jeunes chercheurs, la Confédération des Jeunes Chercheurs s’attendait à voir une proposition sur ce sujet au sein des 121 propositions du comité de pilotage des assises.

Les jeunes chercheurs, les forces vives invisibles de l’ESR

Les jeunes chercheurs représentent une part importante des effectifs de l’ESR en France. Avec 65 000 chercheurs doctorants, plus de 6 000 docteurs non permanents, et de nombreux ATERs docteurs ; l’effectif des jeunes chercheurs est au moins aussi important que celui des chercheurs et enseignants-chercheurs permanents.

La représentation des jeunes chercheurs au sein de l’ESR est éclatée entre plusieurs collèges (usagers, autres enseignants chercheurs, personnels administratifs) voire, dans certains cas, complètement inexistante.

Aucun de ces collèges n’est adapté pour représenter les jeunes chercheurs, qui ne sont ni usagers, ni enseignants chercheurs titulaires. Leurs problématiques sont avant tout liées à leur statut d’acteur précaire de l’ESR.

Il est urgent de mettre en place un collège spécifique “jeunes chercheurs non permanents” qui regrouperait les doctorants – quels que soient leur statut et leur mode de rémunération – ainsi que les docteurs non permanents d’un établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel (EPCSCP) – qu’ils exercent ou non une activité d’enseignement.

La généralisation de ce collège et l’attribution d’un nombre suffisant de sièges permettrait de résorber ce déficit démocratique majeur au sein de l’ESR et de se pencher avec sérieux sur les nombreuses problématiques des jeunes chercheurs.

Les doctorants sacrifiés dans la proposition du comité de pilotage des Assises

La proposition n° 96 du comité de pilotage des Assises propose d’élargir aux étudiants de Master l’accès au collège scientifique, actuellement exclusivement réservé aux doctorants. Cette ouverture démocratique aux étudiants dans les conseils répond aux demandes des associations syndicales à juste titre. En effet, les étudiants ne peuvent être convenablement représentés par des doctorants, qui ont des problématiques différentes.

Cependant si cette proposition n’est pas accompagnée de la création d’un collège spécifique pour les jeunes chercheurs, ceux-ci ne bénéficieront plus de la seule représentation qui leur était réservée car ils se retrouveront en concurrence avec des étudiants de master majoritaires.

La CJC propose un "avant-projet de loi" modifiant le Code de l’éducation pour une représentation équilibrée des jeunes chercheurs dans les conseils centraux des EPCSCP.

La CJC invite tous les acteurs de l’ESR à se mobiliser autour de ce projet urgent et crucial.

La CJC a également diffusé un communiqué qui fait le point sur la question de la précarité :

Doctorants, Docteurs en CDD : professionnels précaires !

Le caractère professionnel du doctorat nié lors des Assises nationales de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche.

Les jeunes chercheurs, avec 65 800 doctorants et plus de 6 000 docteurs en CDD de recherche, et de nombreux ATERs docteurs, représentent l’essentiel des « forces vives » des unités de recherche, et – dans beaucoup de disciplines – une part indispensable du personnel enseignant.

Les doctorants, qui participent à la production de connaissances, à l’enseignement et à l’amélioration de la compétitivité de la recherche française, sont trop souvent considérés comme des étudiants, usagers du système, par le milieu académique.

Depuis les premières auditions jusqu’aux découpages thématiques retenus lors des phases finales des Assises, le comité de pilotage n’a cessé de faire l’amalgame entre doctorants et étudiants, ce qui remet en cause la reconnaissance du caractère professionnel du doctorat par la loi, obtenue en 2006 par la Confédération des Jeunes Chercheurs.

S’étant mobilisés à cette fin, les jeunes chercheurs n’ont pas été écoutés alors que les Assises avaient comme volonté de mener cette réforme dans le dialogue, en confiance et en toute transparence, avec l’ensemble des acteurs concernés sur les territoires.
Les jeunes chercheurs, des précaires de la recherche oubliés,

La ministre de l’Enseignement Supérieur et la Recherche, Geneviève Fioraso propose la création de 2 000 postes par an sur 4 ans pour résorber la précarité.

L’impuissance des Assises face à la précarité des doctorants et docteurs en CDD

Le cas des précaires de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche a été abordé au cours des Assises. Le climat lors des échanges révèle le malaise et les problèmes associés à cette question. La Confédération des Jeunes Chercheurs a été alarmée par l’oubli des doctorants dans la définition des précaires de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Les représentants des jeunes chercheurs ont rappelé que 40% des doctorants en Sciences Humaines et Sociales n’ont pas de contrats de travail alors qu’ils sont définis comme des professionnels de la recherche en début de carrière. La Confédération des Jeunes Chercheurs s’inquiète de l’absence de propositions concrètes sur cette question lors des débats.
Le doctorat, la précarité : des confusions rétrogrades

Geneviève Fioraso s’est exprimée ce matin sur France culture : « Il parait abusif d’intégrer dans les précaires les docteurs et les post-doc même si leur insertion doit être favorisée et valorisée ».

La Confédération des Jeunes Chercheurs tient à affirmer que les doctorants sont précaires lorsqu’ils ne sont pas contractualisés. Les « post-doc » c’est-à-dire les docteurs en CDD reconductibles ou non, pendant une période "indéterminée" le sont également. Aussi, la Confédération des Jeunes chercheurs dénonce la définition de la précarité donnée lors des Assises, qui semble occulter une grande partie des « précaires ».

La Confédération des Jeunes Chercheurs souhaite que la question de la précarité soit au cœur des débats et soutient le collectif des « précaires » dans cette démarche.

À lire ici dans le blog de S.Huet, ainsi que son post Assises de la recherche : côté manifs