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« Les étudiants évalueront les enseignants » - Interview du député PS Jean-Yves Le Déaut par Philippe RIVET, l’Est Républicain, 4 décembre 2012

mercredi 5 décembre 2012, par Mademoiselle de Scudéry

Une semaine après les assises nationales, la réforme de l’enseignement supérieur fait l’objet aujourd’hui d’une audition publique des principaux acteurs par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST). Son premier vice-président, parlementaire en mission pour les assises de l’enseignement supérieur et de la recherche, Jean-Yves Le Déaut (PS, Meurthe-et-Moselle) esquisse en avant-première les grandes lignes de la future loi annoncée par Geneviève Fioraso pour le premier semestre 2013.

Quels sont les objectifs de cette journée ?

Elle s’inscrit dans une démarche originale initiée par le Premier ministre. Il a souhaité un débat avec les principaux acteurs pour dégager des pistes en amont du travail législatif. À la différence de ce qui s’est passé pour la loi sur la responsabilité des universités (LRU), en 2007 où tout est venu d’en haut. Nous allons aborder la réussite des étudiants, l’évaluation, l’autonomie et la gouvernance des universités, et j’ai ajouté un thème supplémentaire : les liens entre universités et territoires. Car un des gros problèmes posés à l’autonomie des établissements tient au lien à établir entre l’État, les universités et les collectivités. Hors salaires, ces dernières contribuent pour 30 % du fonctionnement de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Allez-vous préserver le caractère national des diplômes ?

Il y a une forme d’hypocrisie à nier la hiérarchie entre les diplômes, entre les écoles et les universités. Il faut graver dans le marbre le caractère national des diplômes et le statut des personnels tout en clarifiant les compétences. Redonner à l’État la formation des infirmières et des professions paramédicales, confier aux régions l’innovation, les transferts de technologie, la formation tout au long de la vie, l’alternance, l’apprentissage, la culture scientifique et technique.

Faut-il abroger la loi LRU et en rédiger une nouvelle ?

Non. Mais la loi LRU sera profondément modifiée. On donnera un vrai contenu à l’autonomie, on rendra la gouvernance des universités plus démocratique, en redonnant du pouvoir aux conseils scientifiques et de la vie universitaire, le conseil d’administration devant se concentrer sur la stratégie. Il sera rééquilibré en faveur des étudiants et des personnels. Je propose que les personnalités extérieures qui y siégeront soient choisies par les conseils économiques et sociaux dans les régions.

Comment lutter contre l’échec massif à l’université ?

En améliorant l’information en matière d’orientation dès le lycée, qui manque de relation avec l’université. En développant les passerelles car le cloisonnement des filières est souvent source d’échec. La licence doit être revue, avec une première année généraliste, une 2 e année comportant une amorce de spécialisation, celle-ci n’intervenant vraiment qu’en 3e année. Il faut refonder l’évaluation et donc l’intervention de l’Agence d’évaluation (Aeres). Revoir l’évaluation des enseignants pour que la recherche ne soit plus le seul critère pris en compte. Je propose également d’instituer l’évaluation des enseignants par les étudiants.

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