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La recherche ne fait pas rêver les étudiants en sciences - Hervé Morin, Le Monde, 19 mai 2014

mardi 20 mai 2014, par Louise Michel

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Depuis le milieu des années 1990, on observe un déclin du nombre d’étudiants en science et en mathématiques, une tendance de fond dont la secrétaire d’Etat à la recherche et l’enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, s’alarmait encore récemment. En dix ans, entre 2002 et 2012, les effectifs dans les formations scientifiques ont fondu de 14,5 %, même si un léger rattrapage (de 148 000 à 161 000) est intervenu entre 2008 et 2012 (Le Monde du 15 mai). Le phénomène n’est pas franco-français : au sein de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), 9 % seulement des jeunes qui entrent dans l’enseignement supérieur choisissent les sciences « dures ». Les raisons de cette désaffection sont connues : attirance pour les métiers du tertiaire, complexité des matières et notions à acquérir, carence dans la transmission du goût pour la résolution des problèmes…

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Quelles sont donc les motivations des lycéens et des étudiants qui, malgré tout, choisissent les filières scientifiques ? Un sondage réalisé par Ipsos/Steria pour La Recherche, Le Monde et le ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche sur « les étudiants scientifiques et les carrières scientifiques », permet de les appréhender. Il a été réalisé, du 14 au 22 avril, auprès de 606 étudiants en filière scientifique, scolarisés au lycée, en classes préparatoires, en BTS ou DUT, en école d’ingénieur, en première année commune aux études de santé (Paces) ou à divers niveaux de l’université, interrogés en ligne. Il sera présenté au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) à Paris, jeudi 22 mai, lors du Forum Science, recherche et société organisé par La Recherche et Le Monde.

Première motivation exprimée, la filière scientifique est perçue comme permettant d’exercer le métier souhaité. Deuxièmement, les matières enseignées sont jugées les plus intéressantes. Ensuite, cette voie est considérée comme offrant les meilleurs débouchés professionnels (mais c’est la deuxième réponse donnée par les lycéens). Parmi les personnes interrogées, 95 % s’estiment tout à fait ou plutôt d’accord avec le fait que les études scientifiques mènent à des métiers intéressants et épanouissants. Les matières préférées des filles sont la biologie et les nouvelles technologies, ces dernières arrivant en tête, juste avant l’informatique, chez les garçons. Ces étudiants estiment à 92 % que ces vingt dernières années, les innovations scientifique et technologiques ont eu pour eux un impact positif, et à 87 % pour la société française en général.

La moitié des sondés souhaite exercer des fonctions non scientifiques, dans lesquelles ils pourraient « utiliser les compétences acquises pendant leurs études ». L’autre moitié se destine à des métiers à dominante scientifique. La rémunération est citée comme étant le premier critère dans le choix de la profession future. Est-ce pour cela que la carrière d’ingénieur est jugée plus attirante (80 %) que celle de chercheur dans le public (76 %) ou le privé (76 %) ? Sans doute la composante pécuniaire n’est-elle que partiellement décisive, puisque des professions potentiellement plus rémunératrices – directeur marketing, directeur financier ou analyste financier – arrivent en queue de peloton (mais aussi infirmier et enseignant dans le secondaire).

Chez les 74 % des sondés, qui ne souhaitent pas devenir chercheurs tant dans le public que dans le privé, le fait que ces professions soient considérées comme « pas assez bien payées » n’arrive qu’en quatrième position. Les trois premières raisons invoquées à égalité pour ce désamour sont les suivantes : être chercheur nécessite des compétences trop pointues ; il est difficile de trouver un emploi en France ; le parcours pour y arriver est trop difficile. Les 26 % de sondés qui envisagent de devenir chercheurs n’en ont sans doute que plus de mérite.