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Le gouvernement regroupe les universités en 25 grands ensembles. Marie-Christine Corbier - Les Echos - 21-07-2014

mercredi 23 juillet 2014, par Louise Michel

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Quatre communautés d’universités viennent de signer leur contrat avec l’Etat.

« Nous sommes des pastilles vues de Shanghai », lançait, il y a un an, Geneviève Fioraso en faisant allusion au célèbre classement de l’université chinoise de Jiao Tong. La loi sur l’enseignement supérieur et la recherche de juillet 2013 fixait aux 195 établissements universitaires (dont 74 universités) la date du 22 juillet 2014 pour se regrouper.

Le gouvernement tablait sur une trentaine de regroupements. Il y en aura finalement 25, dont 5 associations. Sur ces 5 associations, 4 préfigurent ou actent des fusions (Strasbourg, Lorraine, Aix-Marseille et Clermont-Ferrand). Seule exception : l’université de Picardie. Les 20 autres regroupements ont opté pour la communauté d’universités (Comue). Dix-sept ont déjà déposé leurs statuts et trois ont envoyé des lettres d’intention détaillées, affirmait, en fin de semaine dernière, Geneviève Fioraso.

«  Pour ces dernières, concrétiser leur engagement écrit ne va pas être simple, en raison du débat sur la réforme territoriale », admet la secrétaire d’Etat à l’Enseignement supérieur et à la recherche, évoquant le cas de Centre - Limousin - Poitou-Charentes. Mais elle affirme que « l’économie de la connaissance transcendra les difficultés ». A Paris, les discussions bloquent autour de l’heSam (Cnam, ENA, Ehess…), pour lequel un médiateur, Jean-René Cytermann, a été nommé.

En initiant ces regroupements, le gouvernement accélère la logique des précédents pôles de recherche et d’enseignement supérieur (Pres). Mais, à la différence des Pres, les futures Comue signeront un contrat dit « de site » avec l’Etat. « Les moyens n’arriveront plus directement aux établissements, mais à la Comue », résume la présidente de Paris Sciences et Lettres (PSL) Monique Canto-Sperber, à la tête d’une communauté qui inclut l’ENS, Dauphine, le collège des écoles d’art, l’institut Curie ou le CNRS. Avec trois autres présidents de Comue parisiennes, elle fait partie des tout premiers à avoir signé, en fin de semaine dernière, le fameux contrat de site avec l’Etat. Ces contrats de plusieurs centaines de pages explicitent ce que les établissements regroupés vont faire ensemble en matière de politique internationale, sur tel partenariat avec le CROUS ou encore sur la formation continue. En contrepartie, l’Etat s’est engagé sur des moyens : 49 emplois pour Paris Lumières (Paris-VIII Vincennes-Saint-Denis, Paris Ouest Nanterre La Défense…) ; 11 pour Paris Sciences et Lettres ; 74 pour Sorbonne Paris Cité (Sciences po, Inalco, Sorbonne Nouvelle Paris-III, Paris Descartes, Paris Diderot, Paris-XIII…) ; 45 pour Sorbonne universités (Paris-Sorbonne, Pierre et Marie Curie, UTC, Insead, CNRS, Inserm, IRD…)

Vent de contestation

« Ce contrat de site permet d’abolir les frontières interdisciplinaires », se félicite Thierry Tuot, président de Sorbonne Universités. «  Il va nous permettre de participer au financement de logements pour faire venir des étudiants étrangers », souligne Jean-Yves Mérindol, président de Sorbonne Paris Cité. « On va développer, à l’échelle de la Comue, des Moocs [cours en ligne, NDLR] qui nécessitent beaucoup de moyens », renchérit Pascal Binczak, président de Paris Lumières.

Malgré les précautions oratoires de Geneviève Fioraso – « nous n’imposons rien, il n’y a ni oukase ni chantage » –, les contestataires ne décolèrent pas. Ils se sont manifestés ces derniers mois sur les réseaux sociaux, à travers un groupe baptisé « Jean-Pierre Vernant » regroupant des universitaires qui voient dans les Comue une suite des années Sarkozy, et non la «  rupture » qu’ils espéraient. C’est en Ile-de-France que les débats ont été ces derniers mois les plus violents. Les contestataires redoutent que les universitaires n’aient plus de droit de regard sur la formation et la recherche, craignent l’apparition d’une « strate supplémentaire au millefeuille déjà existant » et de « mastodontes » à plus de 100.000 étudiants. Ils espéraient encore, ce week-end, une mobilisation d’ampleur à la rentrée, pour réclamer « un moratoire ».