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Réforme du Capes : pour un véritable débat. Appel à contributions et liste des signataires au 28 octobre

lundi 20 octobre 2008, par Laurence

[|Appel lancé le 17-10-08 à l’initiative de Christian Delacroix, François Dosse et Patrick Garcia|]

La liste des signataires augmente à vue d’oeil : vous pouvez la consulter ici.

La précipitation avec laquelle est menée la réforme du recrutement des enseignants a jusqu’alors largement empêché qu’un vrai débat s’instaure sur le contenu de cette réforme. Ce premier constat justifie à nos yeux la demande d’un moratoire pour la mise en œuvre des nouvelles dispositions, d’autant plus que le cadrage actuellement proposé laisse de nombreuses dispositions concrètes en suspens. Ce moratoire devrait au minimum permettre une mise au point d’un cadrage national précis des nouveaux masters établi par discipline. Parmi les mesures proposées celle qui supprime le stage en responsabilité des néo-titulaires nous semble particulièrement lourde de conséquences négatives : il est nécessaire que les néo-titulaires puissent bénéficier d’une décharge de cours très significative pour bénéficier d’une vraie formation professionnelle en liaison avec leur pratique de classe (formation en alternance). Concernant les autres mesures et sans prendre ici position sur l’économie générale du dispositif proposé par le ministère, nous tenons à faire des remarques de principe que nous inspire l’expérience de nos enseignements et de la formation des enseignants en histoire et en géographie :

– La base des concours doit rester disciplinaire et d’un niveau scientifique élevé. Les deux “épreuves disciplinaires” prévues à l’écrit pour le nouveau CAPES posent en histoire et en géographie des problèmes spécifiques : comment proposer comme programmes du concours ceux du collège, du lycée et des classes post-baccalauréat (de l’Antiquité à nos jours pour l’histoire, le monde pour la géographie...) sans risquer un niveau d’exigence très bas et une ruée des candidats vers des manuels qui ne pourront qu’être superficiels ? En outre la nécessité de conserver au concours une base disciplinaire vaut pour la composition des jurys : que signifie alors la présence de “représentants de la société civile” dans les jurys ?

– La “leçon” orale prévue comme épreuve “pédagogique et didactique” risque de répéter les errements de la première mouture de l’épreuve “professionnelle” sur dossier de 1991, à savoir des développements “didactiques” formels et stéréotypés, détachés de toute pratique réelle de classe. Ces errements avaient motivé la suppression de cette modalité de l’épreuve – à la demande, faut-il le rappeler, de François Fillon alors ministre de la recherche et de l’enseignement supérieur – et la redéfinition de l’épreuve sur dossier dès la session 1994 calée à partir de ce moment, pour le CAPES d’histoire et géographie, sur une démarche réflexive associant historiographie (ou histoire de la discipline), épistémologie et histoire de la discipline enseignée. En outre il est paradoxal que la volonté de “professionnaliser” le CAPES se traduise par une épreuve “pédagogique” déconnectée de toute pratique réelle d’enseignement ... Ce ne sont pas les stages (d’observation ou de pratique accompagnée – quelques cours dans la classe d’un enseignant en sa présence –), dont il est rappelé par ailleurs qu’ils ne sont pas obligatoires, qui peuvent remplacer un vrai stage en responsabilité avec suivi par un tuteur, impossible à mettre en place dans le dispositif prévu puisque les étudiants inscrits en master n’auront pas la qualité de fonctionnaires stagiaires et qu’aucune classe ne pourra donc leur être confiée en propre. Il nous semble donc nécessaire, pour cette épreuve, de fixer des modalités et des contenus qui l’empêchent de devenir un exercice formel de « simulation pédagogique ».

– Comment intégrer dans les épreuves prévues (écrites ou orales) la dimension réflexive (histoire et épistémologie des disciplines, évoquées dans les textes de cadrage pour les épreuves écrites) qui est un véritable acquis de l’épreuve sur dossier du CAPES d’histoire et de géographie ?

- Enfin l’utilité de la deuxième épreuve orale sur la connaissance du système éducatif et son poids dans la notation nous laisse particulièrement perplexes : là aussi le risque d’un “bachotage” ennuyeux, formaliste et sans portée est réel. En faire l’une des deux épreuves d’admission est lui accorder un poids exorbitant.

C’est à partir de ces constats et sans préjuger d’autres types d’interventions et d’actions, que nous appelons tous les chercheurs et enseignants d’histoire et de géographie à participer, dans l’urgence, à un échange de vues et un débat sur les nouveaux masters « enseignement » et sur les modalités des nouvelles épreuves des concours de recrutement des enseignants. Nous ne devons pas nous taire. Les prises de position et propositions, avec l’accord des contributeurs, pourront être mis en ligne pour que chacun puisse en prendre connaissance et réagir.

Christian Delacroix (Université Paris-Est Marne-la-Vallée)
François Dosse (Université Paris 12 – composante IUFM)
Patrick Garcia (Université de Cergy-Pontoise – composante IUFM)

Signatures, réactions, contributions à envoyer à :

appelcapeshg@club-internet.fr