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Naissance d’un nouveau système universitaire - JY Mérindol, Tribune parue dans Libération, 25 septembre 2014

dimanche 28 septembre 2014, par Bouvard et Flaubert

C’est beau, c’est grand !

À lire ici.

A l’automne 1968, Edgar Faure, ministre de l’Education nationale, présente la loi créant enfin des universités dotées d’autonomie pédagogique, scientifique et administrative. En même temps, il pense - et dit - que la taille optimum des universités est entre 10 000 et 12 000 étudiants. Il donne la consigne suivante : « Une université pourra comprendre entre 8 000 et 15 000 étudiants. » Cette limite, officiellement justifiée par le souci de gestion de proximité, permettait aussi d’éviter le risque que pouvaient présenter des universités puissantes, alors que professeurs et étudiants venaient de prouver leur capacité de contestation.

C’est sous cette contrainte, évidemment obsolète puisqu’une dizaine d’universités dépassent les 30 000 étudiants, que s’installent une soixantaine d’universités ; les grandes métropoles de province en ayant jusqu’à trois, la région parisienne qui comptait alors 150 000 étudiants en ayant treize. Ce cadrage par les effectifs, qui a, certes, le mérite de la simplicité, a soulevé des problèmes sérieux, particulièrement à Paris avec dix universités spécialisées, séparant sciences exactes et naturelles des sciences humaines et sociales et de la médecine et santé.
[…]
Depuis près de vingt-cinq ans, des initiatives locales et des incitations des pouvoirs publics ont conduit à diverses formules de collaborations. Citons le lancement, en 1990, de pôles universitaires européens ; la tentative avortée de créer en 2003 des établissements publics de coopération universitaire ; des coordinations approfondies sur divers sites (Grenoble, Ouest-Atlantique, Strasbourg, etc.) et à divers moments, pas toujours pérennes. Dans la foulée du mouvement des chercheurs, les états généraux de la recherche, réunis en 2004 à Grenoble, revendiquent la mise en place de pôles de recherche et d’enseignement supérieur (Pres) associant universités, grandes écoles et organismes et précisent les fonctions attendues de ces nouveaux ensembles. Une partie de ces propositions est satisfaite par la création, à partir de 2006, d’une vingtaine de ces Pres.
[…]
Nos actions prioritaires portent sur la pluridisciplinarité, indispensable pour les grands défis de formation et de recherche : développement durable, santé publique et globale, recherche sur les inégalités et l’inclusion sociale ; l’internationalisation des cursus : politique des langues étrangères, dispositifs de mobilité, d’attractivité et d’accueil d’étudiants et de professeurs ; les nouvelles formes pédagogiques, mélangeant les enseignements numériques et classiques. Nous finançons des contrats doctoraux, des bourses pour des étudiants de master, des programmes de recherche pluridisciplinaires, la mise au point de Moocs et la formation aux pédagogies innovantes. Nous veillons à la coordination de l’offre de formation des établissements, et les incitons à définir, ensemble, des projets ambitieux dans tous les domaines de la vie universitaire.

Se construit, ainsi, peu à peu un nouveau système universitaire, visant à surmonter des faiblesses provenant de la singulière histoire de nos institutions universitaires, s’appuyant sur des regroupements puissants d’établissements, mieux armés pour répondre aux attentes des étudiants et de la société et pour soutenir des recherches audacieuses.
Jean-Yves MERINDOL Président de l’université Sorbonne-Paris-Cité