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Les salaires seront-ils payés à l’université ? - Sylvie Ducatteau, L’Humanité, 5 Novembre 2014

vendredi 7 novembre 2014, par Pr. Shadoko

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La menace pèse sur le paiement d’une partie des salaires des universitaires et des administratifs. L’État n’a versé qu’une partie de la subvention qu’il doit aux universités dans le cadre de l’autonomie.

Octobre. Les universités publiques reçoivent normalement la dernière tranche de la subvention que leur verse l’État sur le budget 2014. Cette dotation finance pour l’essentiel la masse salariale mais également le fonctionnement de l’enseignement des différentes disciplines proposées aux étudiants. 120 000 salariés travaillent dans l’enseignement supérieur public dont environ 92 000 enseignants et chercheurs. Problème : Bercy a amputé de 20 % sa subvention. Jean-Loup Salzmann, le président de la conférence des présidents d’université, qui accompagne François Hollande en voyage officiel au Canada, doit tirer le chef de l’État par la manche avec insistance. «  C’est inacceptable, du jamais-vu  », déclarait-il quelques jours avant son départ. À titre d’exemple, l’université qu’il dirige, Paris-XIII, a reçu 16 millions d’euros au lieu des 21 prévus au titre de la quatrième dotation de l’État pour l’année 2014. La note est d’autant plus amère que Bercy a été d’une discrétion totale sur le sujet. Les présidents n’en ont rien su. Ce sont leurs agents comptables qui les ont alertés.


Les effets de la rigueur budgétaire

La promesse de Bercy de verser le complément de la dotation dès le mois de novembre laisse perplexe le président de la CPU. «  Nous devons être d’une extrême vigilance  », conseille-t-il à ses homologues présidents d’université dans un courrier électronique du 28 octobre dernier, relayé par l’Agence Éducation Formation (AEF). «  Les universités sont, comme tous les autres opérateurs de l’État, sous le feu de Bercy  », commente-t-il. Le versement partiel de la dotation semble, en tout cas, confirmer les velléités du ministère des Finances de réaliser des «  économies  » sur le budget 2014 des universités. Selon l’AEF, l’État aurait aimé reprendre la main sur 650 millions d’euros. Il se contenterait d’environ 200 millions, les 20 % discrètement retenus à la source. Si cela était le cas, toujours selon Jean-Loup Salzmann, «  les deux tiers des universités seraient dans le rouge  ». Ne le sont-elles pas déjà ? Les effets de la rigueur budgétaire se manifestent un peu partout. À Lille-II, le budget formation a été revu à la baisse à hauteur de 10 %. Ailleurs, des options disparaissent des cursus de formation. À Versailles, la filière Staps (sciences et techniques des activités physiques et sportives) a été supprimée. À Paris-I, les cursus rares, regroupant peu d’étudiants, ont été maintenus à la condition de ne pas exister ailleurs. Dans de nombreuses universités, les effectifs explosent dans les séances de travaux dirigés conçus pour des petits groupes d’étudiants. Le gel des postes d’enseignants mais également d’agents techniques et administratifs est généralisé. Au Havre, cinquante postes ne peuvent pas être pourvus faute de budget. L’Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche (IGAENR) a même conseillé à l’université de Marne-la-Vallée/Paris-Est de geler la totalité de ses postes. Peu importe, semble-t-il, que le gouvernement soit en contradiction avec lui-même. Il crée des postes, mille par an, mais renâcle à les financer.