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"L’Etat doit reprendre la main sur le projet Paris-Saclay" selon le sénateur Michel Berson - Thierry Lucas, Usine Nouvelle, 07 octobre 2015

mercredi 7 octobre 2015, par Tournesol, Pr.

Le pôle scientifique et technologique de Paris-Saclay, en cours de construction, souffre d’un manque de transparence dans son financement comme dans son mode de gouvernance, selon le rapporteur spécial de la mission "Recherche et enseignement supérieur" au Sénat. Pour Michel Berson, membre de la commission des finances, il est temps qu’un véritable chef de projet nommé par l’Etat vienne clarifier le pilotage de cet immense chantier.

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3,5 milliards d’euros ? Cinq milliards ? Six milliards ? Divers chiffres circulent sur le budget global du projet Paris-Saclay, selon le périmètre retenu et les sources de financement agrégées. De nombreux chantiers sont en cours pour ce qui sera un pôle scientifique et technologique majeur pour la France.

Mais pour Michel Berson, rapporteur spécial de la mission "Recherche et enseignement supérieur" au Sénat, l’incertitude sur les chiffres reflète les manques de rigueur et de transparences qui caractérisent aujourd’hui le financement et le pilotage du projet.

Les sénateurs rendront un rapport complet mi-2016, mais le rapporteur a tenu dès maintenant à mettre le doigt sur les insuffisances qu’il a constatées. Et à faire des recommandations au gouvernement. Par nature, Paris-Saclay fait coopérer des acteurs divers et nombreux – universités, ministères, grandes écoles, instituts de recherche, la société du Grand Paris, des entreprises…- le tout coordonné par l’Etablissement public de Paris-Saclay (EPPS), présidé actuellement par Pierre Veltz. D’où un comité de pilotage plutôt complexe, où les débats peuvent être vifs, par exemple entre certaines grandes écoles et les universités…

Un vrai chef secondé par un gestionnaire et un scientifique

Pour Michel Berson, il faut maintenant un vrai chef de projet à Paris-Saclay. "Un délégué interministériel, nommé par le premier ministre, chargé d’articuler la stratégie du gouvernement avec les contraintes du terrain. Il devrait notamment faciliter les compromis entre les établissements", propose le sénateur.

Ce délégué chapeauterait le futur président de l’Etablissement public d’aménagement de Paris-Saclay (qui doit se substituer à l’EPPS), et le président de la Comue (communauté d’universités et d’établissement), un scientifique, selon le schéma esquissé par le rapporteur.

A la complexité de la gouvernance actuelle répond la complexité du financement. Pour ce qui concerne les fonds publics, 2,1 milliards d’euros ont été alloués aux projets immobiliers du plateau de Saclay, et 700 millions d’euros aux projets d’enseignement et de recherche (SATT, Labex…). Ces sommes provenant majoritairement du Plan d’investissement d’avenir 2.

Mais des incertitudes demeurent, entre autres, sur le financement des transports (la ligne de métro 18 qui doit desservir le plateau). Et sur celui du déménagement prévu de certains établissements à Saclay – AgroParistech, l’institut Mines-Télécom, l’UFR de pharmacie.

Michel Berson veut donc demander au gouvernement la publication annuelle, actualisée et publique, d’un tableau complet du financement du projet. Reste, sinon la plus difficile, au moins la part la plus délicate du projet : doter d’une véritable identité le "cluster" Paris Saclay. Cela en particulier par une intégration effective, sous une forme ou une autre, de l’université Paris-Saclay (UPS, 19 établissements) née officiellement en janvier 2015. Ça avance : 49 masters "UPS" ont été créés, ainsi qu’un doctorat unifié. Mais l’identité "UPS" reste à construire, si l’on en croit les dernières élections aux instances représentatives de l’université : 5% de participation en moyenne…

Thierry Lucas