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Parcoursup - Test d’auto-évaluation : message de la présidente de la conférence des doyens de droit et de science politique

dimanche 4 février 2018, par Nautilus

Ci-dessous le message que Sandrine CLAVEL, Présidente de la conférence des doyens, souhaite diffuser dans les Facultés de droit, à propos du test d’autoévaluation intégré à Parcoursup (la plateforme qui remplace APB).

Chers collègues,

Je vous adresse ce message, en ma qualité de présidente de la Conférence des doyens de droit et science politique, pour vous donner une information claire sur le dispositif que nous avons mis en place, dans le cadre d’une action concertée des Facultés, sur Parcoursup pour la candidature aux Facultés de droit cette année.
Ainsi que vous le savez sans doute, la candidature en droit est désormais conditionnée par l’obligation de passer un questionnaire d’autoévaluation. Beaucoup de fausses informations sont véhiculées concernant ce questionnaire, en ce compris par les enseignants du secondaire, et je voudrais donc que vous soyez parfaitement au fait du dispositif. Je réponds ce faisant à la de mande qui m’a été faite par certains d’entre vous. Je tâcherai d’être synthétique.

A quoi sert le questionnaire ?
Je lis et j’entends ça et là qu’il est destiné à sélectionner parmi les candidats, ce qui est absolument FAUX. Les résultats du questionnaire ne sont pas connus des Facultés de droit (le Ministère y tenait, et en toute hypothèse le résultat d’un questionnaire renseigné par les candidats chez eux, sans aucun contrôle, ne peut être déterminant de quoi que ce soit). Seul le fait que le questionnaire a bien été validé par le candidat est attesté, et cela permet de déverrouiller la candidature sur Parcoursup.

Mais alors me dit-on, il ne sert à rien ! J’entends même que nous dépensons l’argent du contribuable pour du vent. J’avoue être assez surprise de ces réactions, surtout lorsque je vois d’où elles émanent (ceux-là même qui nous reprochent de vouloir sélectionner…). Comme s’il ne pouvait y avoir d’autre objectif à la pédagogie que la sélection. Cela fait frémir, mais passons.

Le questionnaire est d’abord un moyen d’éprouver, mieux qu’une lettre de motivation, la motivation du candidat. Nous sommes certains qu’il n’a pas coché Droit « par hasard », ou parce qu’il avait encore un choix à faire et qu’il s’est dit : « ben je vais mettre droit parce que j’aime bien les séries sur des cabinets d’avocats… ». Il s’agit donc de garantir un choix réfléchi.

Le questionnaire est ensuite un moyen pour le candidat de comprendre ce qui l’attend dans une Faculté de droit, alors que les « attendus » sont assez généraux. Que signifie l’attendu « maîtriser les fondamentaux de la langue française » ? Le candidat doit répondre à 5 questions qui définissent le niveau d’attente que nous avons en vocabulaire, grammaire, conjugaison. Nous avons d’ailleurs entrepris d’expliciter les attendus, sur notre site, pour aller plus loin que les 3500 caractères autorisés par Parcoursup, et je vous invite à le consulter : https://univ-droit.fr/terminale/les-attendus-pour-mes-etudes-de-droit

Le questionnaire est enfin pour le candidat un moyen de s’autoévaluer, car lui, il a son résultat. A cet égard, on me dit que nous aurions dû mettre une grille de lecture (par ex. vous avez moins de 5, passez votre chemin) mais nous nous y refusons car cela nous semble dangereux, sans connaître le profil du candidat. Nous l’invitons donc à discuter de ce résultat avec ses proches et enseignants. On me dit aussi qu’il aurait fallu que le résultat soit plus détaillé (ici il n’a qu’un score final). Je suis totalement d’accord, mais l’ONISEP, qui est le partenaire que le Ministère nous a imposé, nous a dit ne pas pouvoir donner plus qu’un résultat final. Compte-tenu des délais de mise en place (moins de quatre semaines dont deux pendant les congés de Noël), nous avons décidé de nous en contenter.

Qu’y a-t-il dans le questionnaire ?
Là encore, j’entends tout et n’importe quoi. Nous testerions les candidats sur leur niveau en droit, nous aurions calibré le questionnaire pour un niveau master. Tout cela est faux. Ne sachant comment ce mail va circuler, je n’y joins pas le texte du questionnaire, dont l’accès est en principe sécurisé. Mais vous pouvez vous rapprocher de vos doyens qui ont ce texte. En revanche je vous donne quelques indications précises, pour désamorcer les fantasmes.
Le questionnaire comporte 25 questions, 5 par attendus, soit :
- 5 questions de français
- 5 questions de compréhension de texte. Le texte n’est pas un texte juridique, mais un court article du Monde.fr sur une question juridique (la dernière décision de la CJUE sur la GPA). Toutes les réponses sont dans le texte.
- 5 questions relatives à « l’ouverture au Monde et le niveau de langue anglaise », soit 2 questions de culture gé « internationale » (une très facile, une plus difficile), et trois questions de compréhension d’un court article de presse en anglais sur Trump et la démocratie.
- 5 questions de logique appliqué au droit (aucune connaissance juridique n’est requise, il s’agit de logique, voire de français concernant l’usage des connecteurs logique)
- 5 questions relatives à « l’intérêt pour les questions sociales, historiques… », calibrées sur le programme d’histoire-géo de terminale. 4 questions ont d’ailleurs été rédigées par un professeur d’histoire-géo de terminale.

Le questionnaire n’est pas particulièrement facile, ni excessivement difficile… comme les études de droit ! Nous l’avons testé auprès de quelques étudiants de lycée et de première année de droit, et les résultats n’étaient ni excellents, ni catastrophiques. Mais le questionnaire correspond globalement à ce à quoi l’étudiant sera confronté dès son entrée à la Faculté : savoir lire et comprendre un texte, parfois relativement complexe ; savoir réfléchir ; savoir écrire sans fautes ; connaître son programme de terminale…

Vous savez tout. Bien évidemment, tous vos commentaires sont les bienvenus, nous sommes en « année zéro », le dispositif est loin d’être parfait, mais nous avons travaillé dans des conditions ubuesques, pour tenter de donner corps à cette réforme.
Nous avons aussi fait, dans le même délai et en parallèle, un gros effort pour offrir un dispositif d’orientation aux lycéens et l’accompagner dans sa réflexion. Ce dispositif reste embryonnaire , il devra être développé dans les années à venir, mais il a le mérite d’exister. Vous le trouverez là : https://univ-droit.fr/terminale
Le site officiel Terminales2017-2018 y renvoie.
Je remercie sincèrement Gilles Dumont et l’équipe de l’UNJF, la Faculté de Paris V et l’université de Paris II, qui ont permis à ce dispositif de voir le jour en un temps record.

Nous pensons, et espérons, que ces éléments seront de nature à renforcer la qualité des étudiants qui rejoignent les rangs de nos Facultés !

Bien sincèrement

Sandrine CLAVEL
Professeur de droit privé et sciences criminelles
Présidente de la Conférence des doyens de droit et science politique