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"Bienvenue dans l’enfer de parcoursup" - blog "Pensées by Caro", 5 mars 2018,

mardi 6 mars 2018, par Laurence

Un point de vue parental sur ParcourSup… l’auteure de l’article est journaliste éducation.

Je tenais aujourd’hui à manifester ma solidarité avec tous ceux qui sont actuellement concernés, de près ou de loin, par le fameux (enfin, le « fameux », je m’entends, on a toujours tendance à penser qu’on est au centre du monde mais j’imagine que quelques chanceux n’en ont pour l’instant jamais entendu parler) PARCOURSUP. A savoir la plateforme de sélection des formations universitaires post-bac, qui a remplacé le non moins fameux APB.

Ce n’est pas pour la ramener (mais un peu quand même), nous, on a l’immense privilège de doubler le plaisir, merci les jumeaux (ceux qui pensent naïvement qu’une fois sortis des couches, franchement, la gémellité, il faut arrêter d’en faire tout un plat, je leur dis : RENDEZ-VOUS L’ANNEE DU BAC).

Parcoursup, c’est en quelque sorte la dernière épreuve infligée à l’amour parental. Le test ultime. Si tu réussis à conserver ensuite un peu d’affection pour tes enfants (et inversement) c’est que tu as construit au fil des années un putain de lien solide. Pardon my vulgarité, mais il y a des circonstances atténuantes. C’est à dire que ça devrait entrer dans la nomenclature de la sécu et bénéficier de quelques jours d’arrêt maladie.

Parce que non seulement c’est un casse-tête inommable (l’inventeur du « oui…si » est un psychopathe ou plus vraisemblablement un champion du monde de la manipulation mentale, parce qu’en gros, donc, les bacheliers recevront des réponses à leurs voeux pouvant aller de « oui » à « oui si » (= va te faire voir dans une boite à papa ou accepte sans broncher une filière à des kilomètres de ce que tu avais envisagé), ce qui en réalité signifie donc que désormais, l’université est sélective (mais attention, c’est un SECRET). Non seulement un casse tête, donc, avec les dix voeux et leurs « sous voeux », les formation à la Sorbonne « hors secteur » alors que tu habites à 500 mètres du périph, les annonces en loucedé à deux mois du bac, de la suppression du redoublement en première année de médecine, les sigles qui se reproduisent comme des lapins, mais aussi une tannée, avec l’apparition donc de ce fameux « oui… si », (LE SECRET) qui implique de devoir fournir, pour entrer, par exemple, en fac de bio (vous vous doutez que l’intitulé n’est pas aussi trivial mais je vous épargnerai ça), un CV et une lettre de motivation. OUI OUI OUI. Un CV, en terminale. Pour avoir le droit de t’asseoir sur les bancs défoncés d’une université francilienne, lyonnaise ou grenobloise. Sans parler bien évidemment des notes de 1ere et terminale.

Bref, on y est, l’université sélectionne. Grosse inconnue : qui va se taper les dizaines de dossiers qui vont arriver dans tous ces établissements dans quelques jours ? Qui va lire toutes ces lettres de motivation consciencieusement rédigées par des parents au bord de la crise de nerfs ? Qui va éplucher les relevés de notes ? C’est une vraie question.

Et puis que vont devenir tous les refusés, ceux à qui on aura dit dans un premier temps « oui si », puis « non, en fait », puis enfin, « par contre si tu veux y’a des places en licence d’anthropologie », « comment ça, tu voulais être prof de sport ? ».

J’avoue être assez sidérée par le silence assourdissant des syndicats étudiants et enseignants et par l’inertie des lycéens, pourtant prompts à décider de blocus pour un oui ou pour un non. En tant qu’ancienne journaliste éduc, ayant enfilé le brassard « presse » pour pas mal de manifs, je suis interloquée qu’il y ait eu aussi peu de protestation, pour ce qui est, à mon sens, la réforme de l’enseignement supérieur la plus énorme de ces vingt dernières années.

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