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"Education nationale, enseignement supérieur : les ministères scrutent le buzz", par Mourad Guichard et Véronique Soulé ("Libération" du 10 novembre 2008)

mardi 11 novembre 2008, par Laurence

Les ministères de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur viennent de lancer un appel d’offres pour assurer une « veille de l’opinion

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Les ministères de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur viennent de lancer un appel d’offres pour assurer une « veille de l’opinion », autrement dit suivre tout ce qui se dit et s’écrit dans les médias sur les sujets les concernant. Le premier y consacre un budget de 100.000 euros, le second de 120.000 euros.

Le dispositif a été lancé sous l’ère de Gilles de Robien alors qu’il n’y avait qu’un seul ministère. Il a été poursuivi par Xavier Darcos nommé en mai 2007 et par Valérie Pécresse qui récupère alors l’Enseignement supérieur. L’an dernier le budget consacré à cette « veille » était déjà de 220.000 euros. Une somme non négligeable mais à l’ère de la communication politique, les ministères aiment gouverner en ayant à l’œil d’un côté les sondages, de l’autre l’opinion médiatique.

Rien de bien nouveau donc. Pourtant l’annonce, cette année, d’un tel appel d’offres suscite des suspicions. Au syndicat Sud Education notamment, on craint que le ministre cherche à identifier les courants de pensée qui agitent les salles des professeurs afin d’anticiper des mouvements de grogne. Jean-Marc Vinauger, représentant de Sud éducation dans le Loiret, ironise sur les récentes déclarations de Xavier Darcos au « Monde » : « le ministre qui affirme dans la presse que les enseignants adhèrent largement à ses réformes est si sûr de lui qu’il lance un appel d’offre à des officines privées pour la modique somme de 220 000 euros par an ».

« Il n’y a pourtant là rien de nouveau, s’étonne-t-on rue de Grenelle, tous les grands ministères - le Travail, la Défense, etc – ont une telle « veille ». Nous évoluons avec les medias : comme les blogs, tchats et autres forums prennent de plus en plus de place, nous les suivons de plus en plus. » Le ministère souligne que tout cela se fait dans la transparence : le marché public a ainsi fait l’objet d’une annonce publiée au BOAMP (Bulletin officiel des annonces de marchés publics) le 4 novembre 2008.

Dans l’appel d’offres daté du 15 octobre, la Délégation à la communication commune aux deux ministères cite entre autres objectifs de cette « veille » : « identifier les thèmes stratégiques (pérennes, prévisibles ou émergents) ; repérer les leaders d’opinion, les lanceurs d’alerte et analyser leur potentiel d’influence et leur capacité à se constituer en réseau ; décrypter les sources des débats et leurs modes de propagation ; anticiper et évaluer les risques de contagion et de crise », etc.

Outre la presse, les « sources surveillées » sont sur Internet : sites « commentateurs » de l’actualité, médias en ligne, sites de syndicats, de partis politiques, sites militants d’associations, de mouvements revendicatifs ou alternatifs, de leaders d’opinion, moteurs généralistes, forums, blogs, pages personnelles, appels et pétitions en ligne…