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Suspension d’un enseignant à Paris-saclay - 15 mai 2020

vendredi 15 mai 2020, par Mariannick

Pétition de la FSU Paris-saclay adressée à la présidente Sylvie Retailleau.

Non à la mesure de suspension adoptée contre Jean-Pierre Dubois

Pour le retrait immédiat de la mesure de suspension adoptée contre le professeur Jean-Pierre Dubois par la Présidente de l’Université Paris Saclay.

Nous apprenons ce jour avec stupéfaction que Jean-Pierre Dubois, professeur des Universités, spécialiste de droit constitutionnel et Président d’honneur de la Ligue des Droits de l’Homme, a été suspendu de ses fonctions jusqu’au 31 juillet.

Cette décision de la Présidente de l’Université Paris Saclay lui a été signifiée alors même qu’il s’apprêtait à participer aux délibérations du jury de première année de droit, où il est en charge de l’enseignement du droit constitutionnel, et sans qu’il ne lui soit jamais permis de s’expliquer.

Motivée par une prétendue « urgence », cette décision n’est pas acceptable. Elle l’est d’autant moins que, compte tenu du départ à la retraite de Jean-Pierre Dubois le 1er septembre prochain, aucune procédure disciplinaire lui permettant de faire valoir ses droits ne pourra jamais être engagée. La fin d’une carrière de 45 années au service de l’enseignement supérieur et de la recherche restera ainsi marquée de cette opprobre.

Qu’est-il en effet reproché à ce professeur ? D’avoir mal utilisé une plateforme informatique destinée aux examens dématérialisés, opération qui aurait permis « à une large majorité d’étudiants » d’obtenir d’excellents résultats. Il y aurait là un « manquement à ses obligations professionnelles » et une « infraction pénale ».

Ces qualifications sont infamantes et par là même disqualifient la mesure prise à l’encontre de notre collègue.

Nous protestons vigoureusement contre cette mesure de suspension prise à l’encontre de Jean-Pierre Dubois, dont l’intégrité scientifique et professionnelle n’est plus à démontrer.

Nous en demandons le retrait immédiat.

A défaut de quoi, ceux d’entre nous qui sont concernés envisagent de ne plus participer aux sessions d’examen dématérialisées en cours dans de nombreuses universités ; dès lors que nous sommes tous susceptibles d’encourir le même type de sanctions par l’utilisation de plateformes informatiques complexes et souvent défaillantes.

La contradiction entre les invitations à l’« extrême bienveillance » vis à vis des étudiants émises par la Présidence de l’Université Paris Saclay, les remerciements ministériels émus à la communauté universitaire pour la « continuité pédagogique » assurée dans l’état d’urgence sanitaire, et le choix de l’acte d’autorité éclate.

Nous refusons la caporalisation technocratique des Universités qui s’affiche ici au grand jour. Elle repose sur un état d’exception dont la mise en œuvre fébrile menace gravement les libertés académiques.

Liste des premiers signataires.


• Dossier complet (tous les courriers), Academia

Suspension à Paris-Saclay : défense et illustration de l’évaluation universitaire

Je suis, depuis plus de quarante-cinq ans, enseignant-chercheur en droit public. J’ai au surplus exercé assez de fonctions administratives universitaires (notamment décanales) pour mesurer les difficultés de l’exercice. Et je ne crois pas avoir jamais fait preuve de la moindre négligence, pour ne même pas envisager l’idée d’une fraude, vis-à-vis du service public auquel j’ai été attaché toute ma vie. C’est vous dire que, quelle que soit l’issue de cette affaire, elle a d’ores et déjà brisé en moi le rapport de confiance que j’ai toujours eu avec les personnes que j’ai considérées comme des collègues, et qu’à moins de quatre mois de mon départ en retraite elle constitue à mes yeux une évaluation inoubliable de ce que je suis censé avoir apporté à une Université que je sers depuis plus de vingt ans.

Ça fait mal…