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Le nouveau recteur de Paris est au conseil scientifique d’un lobby qui veut... payer les profs à la "performance" - David Pargamin, Marianne.net, 27 juillet 2020

dimanche 2 août 2020, par Laurence

Nommé ce 22 juillet, le nouveau recteur de Paris, Christophe Kerrero, est au conseil scientifique de l’Ifrap, un think tank libéral qui veut... rémunérer les enseignants à la "performance". Et supprimer les rectorats. Cocasse...

Le cabinet de Jean-Michel Blanquer est un formidable accélérateur de carrière. Le mercredi 22 juillet, le président de la République a procédé à plusieurs nominations, dont celle de Christophe Kerrero, ancien directeur de cabinet du ministre de l’Education nationale, comme recteur de l’académie de Paris. Le haut fonctionnaire est parachuté à la tête de la plus grande région scolaire, avec plus de deux millions d’élèves et le plus vaste regroupement d’universités de tout le territoire. Il remplace Gilles Pécout, nommé il y a quatre ans, qui a été démis de ses fonctions. Cette nomination bouscule le petit monde de l’éducation, où l’arrivée de Christophe Kerrero fait grincer.

« Pour la première fois de son histoire, le recteur de l’académie de Paris n’est ni un chercheur, ni un professeur d’université, fait remarquer Thierry Ananou, pour le syndicat national des enseignements du second degré (SNES). C’est une franche rupture avec la tradition qui veut que le recteur possède au moins une habilitation à diriger des recherches. C’est l’aboutissement d’une carrière universitaire et administrative ». Un avis partagé par l’ancien recteur de l’académie de Versailles, Pierre-Yves Duwoye, qui épingle « un CV très loin de l’expérience de direction de haut niveau de ses prédécesseurs  ». « Cultivé, mais plein de suffisance », enfonce ce haut-fonctionnaire qui fut directeur de cabinet du ministre Vincent Peillon. (…) De ce point de vue, c’est le meilleur élève de la classe macronienne ».

Christophe Kerrero bénéficie d’un décret publié le 4 octobre 2018 par... son ancien patron, qui supprime deux conditions principales pour devenir recteur d’académie : posséder un doctorat et avoir au moins dix ans d’expérience dans l’éducation (ou trois ans comme directeur d’administration centrale). Désormais, le gouvernement peut nommer 40% de recteurs non-universitaires. Ces derniers mois, le ministre a pu recaser plusieurs proches de l’exécutif dans les différents rectorats d’Ile de France et du Nord : Charline Avenel, une camarade de promotion d’Emmanuel Macron à l’ENA, à Versailles, ou plus récemment, Raphaël Müller, son ex-directeur-adjoint de cabinet, à Amiens.

Au conseil scientifique de l’Ifrap

Autre élément qui suscite la perplexité, Christophe Kerrero fait partie du conseil scientifique de l’Ifrap. Un « institut de recherche », obsédé par la réforme des « administrations et des politiques publiques ». Dans une enquête menée il y a deux ans, Marianne relevait l’absence de scientifiques de cette organisation, inscrite au registredes représentants d’intérêts au Parlement, publié par la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP).

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