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Lettre envoyée à tous les syndicats et aux associations de parents d’élèves par l’Appel du 8 novembre, le 15 janvier 2009

mercredi 21 janvier 2009, par Elie

APPEL DU 8 NOVEMBRE

Paris, le 15 janvier 2009.

Chers collègues,

Vous savez que le Ministère de l’Enseignement Supérieur a entrepris à marche forcée une réforme du recrutement des professeurs des écoles et des professeurs de l’enseignement secondaire, connue sous le nom de « mastérisation des concours ». Cette réforme ne concerne pas seulement l’avenir de l’université, mais également celui de l’école dans son ensemble, ainsi de que la formation de toute la jeunesse à venir.

Ce projet de réforme a dressé contre lui l’ensemble du monde universitaire, enseignants, chercheurs, étudiants. Pour le mettre en échec nous avons lancé un « Appel du 8 novembre », qui a recueilli à ce jour plus de 17000 signatures, tant d’organisations et institutions diverses (associations de spécialistes et sociétés savantes, syndicats, départements d’universités, etc.) que de personnalités de renom ou d’individus moins connus. Cet appel (http://appeldu8novembre.fr/phpPetitions/index.php?petition=2) vise à constituer un rassemblement, sans aucune exclusive ni allégeance politique, syndicale ou idéologique, très au-delà du monde de l’enseignement supérieur et de la recherche. Il vise donc à mobiliser notamment les forces de l’enseignement primaire et de l’enseignement secondaire, parents, enseignants et élèves, et plus généralement l’ensemble de l’opinion française, concernée par l’avenir de l’école.

Nous nous permettons de vous rappeler les aspects les plus néfastes de cette réforme :

1. La création de diplômes de master d’enseignement en parallèle avec les concours de recrutement de professeurs fonctionnaires permettra d’embaucher comme enseignants vacataires ou contractuels les titulaires de masters qui n’auront pas réussi le concours. Étant donné le nombre sans cesse diminué de postes aux concours, il est prévisible que ceux-ci pourront être progressivement mis en extinction. Ce serait la disparition du corps des professeurs fonctionnaires d’État.
Cela porterait atteinte de façon radicale au statut de professeur des écoles et de professeur du second degré. En particulier, cela impliquerait leur recrutement par les chefs d’établissement, c’est-à-dire le fait que les enseignants, exposés à toutes sortes de pressions locales, ne disposeraient plus de la liberté pédagogique et scientifique indispensable à la qualité de l’enseignement.

2. Les maquettes de concours de recrutement prévues par le Ministère de l’Enseignement Supérieur vident les épreuves de ces concours d’une grande partie de leur contenu disciplinaire, l’État se désintéressant ostensiblement de la compétence scientifique des candidats qu’il entend recruter.

3. Par ailleurs, il est prévu de supprimer l’année de stage qui actuellement suit la réussite au concours, ce qui remet en cause toute formation pédagogique sérieuse, la « didactique » n’ayant pas de sens en l’absence d’une réelle pratique de classe en responsabilité. Le stage de quelques semaines prévu dans le dernier semestre du master ne saurait remplacer ce stage d’une année, qui depuis longtemps a fait les preuves de son efficacité.

4. La création de masters d’enseignement ou de masters avec « parcours enseignement » fera concurrence aux masters actuels, qui sont dévolus à la recherche, ce qui porte un coup au potentiel de la recherche française, qui elle-même alimente l’enseignement secondaire et l’enseignement primaire en leur fournissant des connaissances mises à jour.

Ainsi, c’est tout le système national d’enseignement et de recherche qui est menacé à travers cette réforme. Il importe donc, à tout le moins, d’obtenir qu’elle soit suspendue, que les concours aient lieu sous leur forme actuelle au moins en 2010, et qu’un véritable débat national soit engagé sur la formation des maîtres.

Le Ministère de l’Enseignement Supérieur a demandé aux universités de lui soumettre leurs projets de maquettes de nouveaux master d’ici le 15 février prochain. Un grand nombre de conseils d’administration d’universités, d’UFR ou de départements ont déclaré qu’ils n’obtempéreraient pas. Dernièrement, le nouveau président de la Conférence des Présidents d’Université a adressé au président de la République une lettre ouverte exprimant ses réticences (sur tout cela, voir la page d’accueil de « Sauvons l’université » : http://www.sauvonsluniversite.com/). Il importe maintenant que l’opinion toute entière manifeste son refus de cette réforme dans l’état.
C’est pourquoi nous vous lançons un appel solennel. Nous vous demandons de soutenir l’appel du 8 novembre

1. en le signant et en invitant vos sections locales et vos adhérents à le signer, à tous les niveaux de l’enseignement ;

2. en agissant avec nous pour dans toutes les régions pour alerter l’opinion.

Nous savons que de votre côté vous avez à faire face, dans le premier et le second degré, à de graves motifs d’inquiétude, et nous pensons que vous établirez un lien entre ceux-ci et les projets de réforme universitaires.

Les signataires de l’appel du 8 novembre n’aliènent évidemment pas leur liberté d’action ni de pensée sur les sujets autres que ceux sur lesquels porte ce texte. Ils participent aux débats entre nous sur les suites à donner à cet appel, mais décident en toute indépendance des modalités de leur engagement.

Nous vous proposons également de nous retrouver lors de la prochaine assemblée générale des signataires de l’Appel, le

Samedi 17 janvier 2009 à 10 h
Université Paris VII,
Dalle des Olympiades, 59, rue Nationale, 75013 Paris
Amphi 46

Nous restons à votre disposition pour toutes précisions dont vous pourrez avoir besoin et, dans l’assurance que vous accorderez à notre appel toute l’importance qu’il mérite, étant donné son retentissement dans l’opinion, nous vous prions de recevoir, chers collègues, l’expression de nos sentiments les plus cordiaux.

Pour l’Appel du 8 novembre
Jean-Louis FOURNEL