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Universités : mais où est passé l’argent promis ? - Béatrice Mathieu, "L’Expansion", 5 octobre 2011

vendredi 14 octobre 2011, par Martin Rossignole

Si même l’Expansion le dit… celle qui pourtant qualifie les universitaires de "choyés du sarkozysme" !

La loi LRU s’annonçait prometteuse. Si l’autonomie s’installe, la réforme piétine, faute de modes de financement adaptés à l’urgence. Pour les universitaires, le compte n’y est pas.

Je suis la plus réussie de toutes les réformes, celle qu’il faudra retenir du quinquennat si l’on doit n’en garder qu’une, celle dont les lieutenants du futur candidat à la présidentielle Nicolas Sarkozy vont abuser pour lustrer le bilan de leur champion. Je suis... la réforme des universités, bien sûr !

Et pourtant, derrière la vitrine, la grogne monte dans les amphithéâtres et les laboratoires de recherche ; les grands mandarins, d’ailleurs, commencent à monter au créneau. Les choyés du sarkozysme seraient-ils devenus trop gourmands ? Dès son arrivée à l’Élysée, en 2007, Nicolas Sarkozy promet de sauver l’université française, en chute libre dans les classements internationaux. Le chef de l’État a sa botte secrète : la loi dite LRU (loi relative aux libertés et responsabilités des universités). L’autonomie assortie d’une fontaine d’argent public. Pendant quatre ans, Valérie Pécresse, grande prêtresse de la réforme, multiplie les annonces, les plans de relance et les cadeaux budgétaires. Lors de sa conférence de rentrée, Laurent Wauquiez, le nouveau ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, entonne le même air, confirmant la hausse sans précédent des moyens accordés aux établissements du supérieur : + 23 % de hausse des crédits de fonctionnement entre 2007 et 2011.

La guerre des fondations est déclarée
Fondation universitaire Montants levés (en millions d’euros)
Fondation partenariale pour le développement de l’université Paris-Dauphine12
Fondation partenariale université de Strasbourg8,4
Fondation partenariale Lyon I5,7
Pôle de recherche et d’enseignement supérieur (Bordeaux)5,1
Fondation santé, sport et développement durable (Aix-Marseille II)3
Fondation Rennes I2,6
Fondation partenariale de l’université de Cergy-Pontoise2
Fondation Paris Descartes 1,6
Fondation partenariale InnovaSol (Bordeaux III)1,5
Fondation de projets de l’université de Nantes1,5

Rendues possibles par la loi LRU sur l’autonomie, 41 fondations universitaires ont vu le jour depuis 2007, totalisant plus de 70 millions d’euros de dotations. On reste évidemment très loin de la puissance de feu dont disposent les prestigieuses grandes fondations américaines. "Le décollage est lent, car, culturellement, les entreprises françaises ne sont pas habituées à ce type de mécénat. Mais l’image de l’université est en train de changer", explique Sophie Langouet-Prigent, vice-présidente de la fondation universitaire de Rennes I. En attendant, la concurrence entre les facultés pour séduire les grandes entreprises se révèle féroce, notamment en Ile-de-France. "Les universités vont devoir "travailler" les réseaux d’anciens élèves pour fidéliser la relation avec l’établissement", assure Bernard Bazillon, de KPMG.

En ces temps de disette budgétaire, le gouvernement, accusé de protéger les "riches", tient dans ces chiffres la preuve de son combat pour l’équité sociale. Car l’université est un symbole, le lieu de la réussite possible pour tous. Le royaume de l’hypocrisie, aussi ? Oui, assurent les syndicats, qui crient à l’"enfumage statistique".

Une soixantaine de présidents d’université, de directeurs d’établissement d’enseignement supérieur et de hauts fonctionnaires réunis au sein du groupe Marc-Bloch dénoncent quant à eux les "tours de passe-passe" budgétaires et les "écrans de fumée" déployés par le gouvernement depuis 2007. "C’est vrai que l’autonomie est une réelle avancée, et c’est vrai aussi que des moyens financiers ont été mis sur la table, mais absolument pas dans les proportions annoncées", explique Jean-Loup Salzman, le président de l’université Paris XIII. "Le gouvernement fait preuve d’une belle habileté statistique, mais le compte n’y est pas", renchérit le patron d’un prestigieux établissement francilien.

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