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« Metz : L’université entre deux chaises », Le Quotidien (Lux.), 13 novembre 2013
mercredi 13 novembre 2013
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L’université qui rit, c’est la fac de médecine qui monte en puissance à Metz. L’université qui pleure, ce sont les salariés qui protestent contre le gel des emplois.
La première année de médecine monte en puissance depuis trois ans. Un conflit social (lire ci-dessous) entâche cependant cette belle progression de l’université de Lorraine.
Il y a un temps pour afficher son mécontentement, réclamer l’équité Metz-Nancy et un autre pour dire quand tout va bien. Ainsi en était-il lorsque Dominique Gros, maire de Metz, et Jean-Luc Bohl, président de Metz-Métropole ont visité aux côtés du président de l’université de Lorraine, Pierre Mutzenhardt, la première année commune aux études de santé – Paces – plus communément appelée 1re année de médecine.
2 480 étudiants inscrits sur les quatre sites Metz-Nancy, dont 380 pour le seul campus de Bridoux à Metz. Des chiffres en constante évolution depuis le démarrage de la formation en 2011. Ici, les étudiants ont choisi Bridoux pour raison de proximité et le président Mutzenhardt met en avant la formation identique sur les quatre sites.
« Que ce soit Nancy ou Metz, tout se passe par visio-transmission avec vidéo-cours mis à disposition ». Il n’y a guère que les travaux dirigés pour mettre un peu d’humain au cœur de cette année hypersélective puisque seuls 680 étudiants franchiront le cap de la première année.
Depuis quinze ans heureusement, les étudiants ont mis au point un système de tutorat particulièrement efficace. Colles, concours blanc, permanences, groupes de travail… sont proposés. « Un millier voire mille deux-cents étudiants participent aux colles et examens blancs », détaille Alexandre.
« Une ville
de santé »
Pour autant, « une deuxième année de médecine ou pharmacie n’est pas envisageable à court terme à Metz », affirme Pierre Mutzenhardt, à cause des infrastructures nécessaires ou des professeurs universitaires praticiens hospitaliers (PUPH). « Ils sont 70 à intervenir sur ce cycle d’études, multiplier leurs déplacements compliquerait les choses », selon un maître de conférence. L’occasion pour Dominique Gros et Jean-Luc Bohl de rappeler que les anciens locaux de l’ENIM, au Saulcy, accueilleront la filière paramédicale. « Metz est devenue une ville de santé, s’est satisfait le maire de Metz. En termes de formation, mais aussi en offre de soins. Le CHR "s’universitarise", la recherche clinique se développe, des PUPH s’y déplacent. Le processus est lent, mais en marche », conclut-il.
La polémique des primes
L’université qui pleure, c’est 33 motions qui dénoncent le gel des emplois et pleuvent
de partout, le tout appuyé par une pétition contenant 1000 signatures.
La décision de geler 60 postes afin d’apurer les comptes de l’université de Lorraine (UL) remonte à cet été. Mais ses effets sont concrètement ressentis depuis la rentrée. À des degrés divers, tous les secteurs ou presque ont été touchés et les tensions deviennent palpables entre collègues. Le collectif des Obstinées invitait d’ailleurs à un débat à Vandœuvre-lès-Nancy. Que ce soit pour le collectif ou pour des enseignants anonymes revendicatifs : « Ce n’est pas au moment où l’on veut attirer des étudiants que l’on doit supprimer des offres de formation. Le contrat de site est ambitieux. Derrière, les moyens ne sont pas fournis », affirme-t-on. Les récriminations sont dirigées vers l’État, mais la responsabilité retombe sur une présidence, vivement critiquée.
Un million quatre cent mille euros à économiser, 24 millions de primes distribuées… le raccourci est vite fait. « Pourquoi ne pas couper dans certaines de ces primes ? », interrogent des enseignants. Primes qui ne favorisent guère l’entente entre collègues, qu’importe d’ailleurs qu’ils soient à Metz ou Nancy.
« L’ambiance est délétère depuis la loi LRU, car nous sommes entrés dans une logique de compétition, de différenciation. Jusqu’à présent, nous étions tous au service de la collectivité, tous payés pareil. »
Une problématique
nationale
Pierre Mutzenhardt, président de l’UL, entend les critiques. Mais pour lui, pas question de toucher aux primes. Ni aux projets en cours. Les primes représentent 6 % de la masse salariale (400 000 euros), ça n’est pas si élevé, certaines sont statutaires et compensent des bas salaires pour des personnels administratifs et techniques. Qui voudrait qu’on lui supprime sa prime ? Le président cherche à apaiser, parle de mesures transitoires. Quand on lui reproche son statisme, il rappelle qu’il est à l’origine de la motion solidaire votée par l’ensemble des présidents des universités de France.
Le problème n’est pas propre à la Lorraine, 30 à 35 % des universités de France ne publient pas d’emplois et doivent faire des économies.