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Motion adoptée en assemblée générale par l’IRSAMC (Institut de Recherche sur les Systèmes Atomiques et Moléculaires Complexes) de Toulouse (3 février 2009)
vendredi 6 février 2009, par
Les personnels de l’IRSAMC, signataires, estiment infondé et néfaste le démantèlement en cours du CNRS, institution qui a organisé et soutenu depuis 50 ans une recherche française féconde, tenant bien son rang dans la production scientifique internationale. Son découpage en instituts ne peut pas favoriser l’interdisciplinarité. Sa transformation en simple agence de moyens le prive de cohérence et de sa fonction de pilotage. Ces réformes ne sont soutenues par aucun diagnostic rationnel, aucune comparaison, ni aucune expérimentation. Elles ne s’appuient que sur une rafale d’épithètes péjoratifs (« mité, archaïque, obsolète » ) ou de propos carrément insultants pour un personnel qui serait susceptible de ne venir chercher que « la lumière ou le chauffage »1.
Nous rappelons que la qualité de notre travail est évaluée sans cesse par le processus de publications, et que le CNRS pratique une évaluation constante et raisonnée par ses instances. En matière de création scientifique, les principes de liberté de l’investissement intellectuel et du jugement a posteriori sont supérieurs, sur le long terme, à la précarité et au dirigisme d’un financement ponctuel sur projets finalisés. La recherche fondamentale n’est par essence pas programmable.
Nous constatons et dénonçons l’impact néfaste de la précarité de plus en plus longue imposée aux jeunes chercheurs. Cette précarité incompatible avec des engagements familiaux et citoyens découragent les vocations vers un métier passionnant mais difficile.
Nous estimons déplorable le dispositif dit des « chaires d’excellence » destinés au recrutement de nouveaux enseignants-chercheurs, affectés à des laboratoires choisis sans discussion par le ministère, avec un profil si pointu qu’il empêche un choix ouvert. Ce dispositif diviserait arbitrairement les conditions d’exercice de la fonction d’enseignant-chercheur. Le pouvoir ne le met en place que pour entamer l’extinction de la fonction de chercheur et se traduit dans les faits par une réduction du nombre de postes.
En ce qui concerne la modulation des charges d’enseignement, elle ne doit pas fonctionner comme sanction, et sa mise en œuvre ne peut être envisagée sans que les critères et les modes de décision n’en soient explicités. Cette question souligne un danger potentiel d’une autonomie excessive des universités : c’est à une échelle autre que locale que peut se faire, discipline par discipline, une évaluation réfléchie et compétente des activités des enseignants-chercheurs.
La grève n’a de sens que si elle est lisible. Le caractère discret et l’impact différé de la recherche rendant peu opérant une grève des activités de recherche. Nous appuyons nos responsables dans les gestes de blocage institutionnel qu’ils peuvent être amenés à prendre. Nous nous déclarons disponibles pour porter à l’extérieur vers les étudiants et l’opinion, les raisons de notre refus profond des réformes qui nous sont imposées, qui font hélas partie d’une entreprise plus vaste de réductions des coûts de la fonction publique (santé, éducation nationale, justice…).