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Assas (Paris 2) tente d’élever un rempart contre le COMUE-nisme !

jeudi 15 octobre 2015, par Adolphe THIERS

"Let specialties be therefore drawn between us,
That covenants may be kept on either hand
"
Shakespeare, The Taming of the Shrew (Acte II, Scène 6).

Le CNESER est convoqué pour lundi 19 octobre. Parmi les points à l’ordre du jour : un projet de décret portant association entre l’université Paris 2, dite Panthéon-Assas, et la COMUE « Sorbonne Universités ». Le public, du moins celui qui a suivi les précédents démêlés des protagonistes au sein du PRES (depuis COMUE) Sorbonne Universités, ne manquera pas de sourire à la lecture du contrat d’association (en annexe).

Le PRES en question s’était constitué autour d’une épine dorsale formée par Paris 2, Paris 4 et Paris 6. Son équilibre reposait sur l’alliance de Paris 2 et Paris 4, seule capable de contrebalancer les tendances hégémoniques de Paris 6 et les méthodes particulières de ses présidents successifs, lesquels sont animés d’une conception du pouvoir qui ne laisse place à aucun tempérament. Après le départ de Louis Vogel de la présidence de Paris 2 et du PRES (dupé après qu’on lui avait fait miroiter comme assurée la direction de Science Po libérée par le décès de Richard Descoings, mais ceci est une autre histoire…), l’équilibre au sein du PRES s’est trouvé rompu par le renversement d’alliance de Paris 4, s’alignant derrière Paris 6 pour assurer l’élection d’un conseiller d’Etat à la présidence du PRES contre la candidature d’une universitaire soutenue par Paris 2. Peu soucieux de voir son nouveau président réduit au rôle d’un Prusias II moderne qui, au lieu du sénat romain, se présenterait cette fois devant une rangée d’apparatchiks, le CA de Paris 2 a préféré sortir du PRES. C’était à la fin de l’été 2012. Depuis, de fortes pressions se sont exercées sur Paris 2, en vain, pour qu’elle rejoigne à nouveau le PRES « Sorbonne Universités, pressions exercées par le ministère mais aussi par le Commissariat général à l’investissement puisque Paris 2 est partie prenante de l’Idex « SUPER », désormais quelque peu plombé. On se souviendra également que cet Idex à la six-quatre-deux, une première fois recalé, n’avait été accordé au rattrapage que sur la promesse d’une fusion des universités.

Chat échaudé… l’université Paris 2 consent aujourd’hui à renouer avec Sorbonne Université, mais seulement comme membre associé et selon ses propres termes. Pas un article de la convention d’association qui ne soit hérissé de garanties, comme autant de bastions et de demi-lunes dans une fortification de Vauban. Toute fusion ou création d’une structure de fait est exclue (dès l’article 1), le périmètre des actions communes est soigneusement circonscrit, aucun moyen budgétaire destiné à Paris 2 ne transite par la COMUE, les partenaires sont désignés comme égaux et l’administration des actions communes comme paritaire avec un égal pouvoir de décision (plus question pour les gens de Paris 2 de se trouver à nouveau confrontés inopinément à une assemblée d’ « uomini d’onore »…), aucun transfert de compétences, convention conclue pour une durée limitée à trois ans (renouvelable), pouvant être dénoncée à tout moment, caduque de plein droit en cas de changement législatif ou réglementaire etc. Rien n’a été oublié pour assurer la complète indépendance de Paris 2.

Pendant ce temps, les présidents de Paris 4 et Paris 6 continuent de nourrir la rumeur d’une fusion prochaine avec Paris 2…