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Le vote aux CA de Paris IV et Paris VI sur leur fusion - SLUtiste embbeddé, 21 janvier 2017

dimanche 22 janvier 2017, par Tournesol, Pr.

Le CA de Paris IV a voté vendredi 20 janvier au matin à une très large majorité (19 voix pour 17 voix contre) pour la fusion avec Paris VI. En Provence, lorsqu’un vote donne une majorité incontestable qui traduit l’adhésion du cœur et des âmes de toute une communauté, on appelle cela une "Garriguette". A Paris VI le SGEN-CFDT a envoyé l’après-midi du vendredi 20 janvier une communication électronique à tous les
personnels de Paris VI expliquant pourquoi leurs deux représentants avaient voté pour la fusion : Les dangers sont réels, notamment pour les personnels BIATSS, et en conséquence la section SGEN-CFDT de l’UPMC, fidèle à sa tradition de syndicat progressiste rejetant tout conservatisme ou opportunisme, approuve le projet de fusion de l’UPMC et de Paris Sorbonne. Rappellons, qu’il y a dix ans de celà, le représentant SGEN-CFDT avait déjà permis l’élection de Jean-Charles Pomerol par une aussi large majorité (une "Garriguette") permettant la mise en place de la LRU à Paris VI

Vous trouverez ci-dessous les communiqués

  • du Président de Paris-Sorbonne,
  • la communication électronique du SGEN-CFDT de l’UPMC,
  • la déclaration préalable de la liste "Une Sorbonne Humaine",
  • la déclaration préalable de la liste "Nous Sommes l’Université".

Quelques syndicalistes non progressistes, insensibles aux avantages Schumpétériens de la destruction créatrice, par un mécanisme efficace appellé la mort de la Sorbonne et de l’Université Pierre et Marie Curie, ont fait allusion à la vente du droit d’aînesse pour un plat de lentilles. Rappellons que le Commissariat Général à l’Investissement, et ses lentilles, ne sont soumis à aucun contrôle parlementaire*.

Au moment où nous donnons ces informations nous ne savons toujours pas si un mécanisme de primaires entre Jean Chambaz et Barthélémy Jobert permettra de faire émerger le candidat à la présidence pour la liste institutionnelle pour les élections de cette université fusionnée, l’université Sorbonne Université (USU).

Si ce processus de primaires était choisi, les bureaux de vote devraient être disposés dans un endroit neutre comme, par exemple, les différents sites de la Faculté de médecine de l’UPMC.

Le prochain article de notre slutiste embeddé (article réservé aux VIP de Paris VI, l’article est payant pour les simples membres du personnel de l’UPMC) : visitons notre nouvelle acquisition, la Sorbonne


* Cette histoire racontée dans le Livre de la Genèse, traite du droit d’aînesse à une période où l’austérité budgétaire, et même la famine sévissait en Israël. Les lentilles sont des légumineuses courantes dans l’alimentation des hébreux. La tradition rabbinique en fait la première nourriture en cas de deuil, en référence à l’histoire de Jacob et Esaû.


Communiqué du Président de Paris-Sorbonne

Chères et chers collègues, chères étudiantes, chers étudiants,

Le Conseil d’administration de Paris-Sorbonne, réuni ce vendredi 20 janvier, a voté, à la majorité qualifiée de 19 voix pour (17 voix contre), la création d’un nouvel établissement, Sorbonne Université, au 1er janvier 2018, résultant de la fusion de Paris-Sorbonne avec l’université Pierre-et-Marie Curie. Le Conseil d’administration de l’UPMC a également émis, à la majorité qualifiée, un vote analogue sur cette fusion. Un avis favorable a par ailleurs été donné, par chaque conseil d’administration, sur le décret de création de cette nouvelle université, ainsi que sur le contrat d’association qui sera proposé, à la suite de cette création, aux membres de la COMUE Sorbonne Universités dont Paris-Sorbonne et l’UPMC font actuellement partie. Les prochaines étapes de la création de Sorbonne Université sont le passage du décret de création devant le CNESER, en février prochain, la publication de ce décret par le gouvernement, en mars, respectant le calendrier initial qui vous a été exposé depuis un an.

Au terme de cette année 2017, Paris-Sorbonne deviendra donc la Faculté des Lettres de Sorbonne Université, l’UPMC, se scindant en deux pour constituer la Faculté des Sciences et d’Ingénierie d’une part, la Faculté de Médecine d’autre part. Nous concrétisons ainsi la première étape de la construction d’une université globale de recherche au cœur de Paris, effective dans quelques mois, appuyée sur l’initiative d’excellence SUPER (Sorbonne Universités à Paris pour l’Enseignement supérieur et la Recherche) qui nous est, conséquence directe de cette création, désormais acquise. Cette construction ne sera pas terminée en janvier 2018. Et elle est l’affaire de tous. Maintenant que la décision en est définitivement prise, il revient à chacun de s’y investir et d’en saisir toutes les opportunités.

Je ferai le point de la situation telle qu’elle se présente après le vote des deux conseils d’administration de Paris-Sorbonne et de l’UPMC, ainsi que sur la suite du processus de création de Sorbonne Université, dans trois réunions publiques ouvertes à toute notre communauté (enseignants, chercheurs, enseignants-chercheurs, personnels administratifs, étudiants). Les demi-journées correspondantes sont banalisées pour les personnels. Ces réunions auront lieu le mercredi 25 janvier à 10 heures à l’Amphithéâtre Descartes en Sorbonne, le jeudi 26 janvier à 14 heures 30 au grand amphithéâtre du Centre Malesherbes et le vendredi 27 janvier à 13 heures à l’amphi 2 à l’ESPE Molitor.

Après presque un demi-siècle d’existence, nos deux universités viennent de prendre une décision majeure en décidant de fusionner en un seul établissement. Il s’agit également d’une nouvelle étape dans la longue histoire de la Sorbonne dont chacune d’entre elles, comme l’ensemble des universités parisiennes, est héritière. Il nous appartient désormais de faire que ce nouvel établissement continue à servir au mieux, comme cela a toujours été le cas depuis maintenant plus de sept siècles, l’enseignement et la recherche au cœur du Quartier Latin.

Avec mes sentiments cordiaux et dévoués.
Barthélémy Jobert

Président de Paris-Sorbonne


Communication-syndicale du SGEN-CFDT de Paris VI : Pourquoi nous avons voté la fusion

La fusion de deux établissements est un projet dont la réussite dépend fondamentalement de la façon dont il est organisé et de la méthode mise en place. Les dangers sont réels, notamment pour les personnels BIATSS, et peuvent donner lieu à de nombreuses dérives : bureaucratie galopante, éclatement des services, mobilité faussement volontaire. La section SGEN-CFDT de l’UPMC veillera particulièrement à la protection des personnels tout au long du processus et sera attentive à ce que chacun trouve sa place dans la nouvelle organisation.

Pour autant :

- parce que la pluridisciplinarité des savoirs et de la recherche permettra à la nouvelle université d’être davantage à la hauteur des enjeux et des attentes de la société française,

- parce que la fusion ouvrira des opportunités pour de nouvelles fonctions auxquelles les personnels BIATSS en poste devront avoir accès prioritairement, sur la base du volontariat et avec l’accompagnement nécessaire, y compris en termes de formation,

- parce que le modèle proposé préservera, par des contrats d’objectifs et de moyens, la diversité de chaque faculté avec une grande part d’autonomie,

- parce que la pérennisation de l’IDEX, au-delà du label d’excellence, permettra d’assurer des actions, telles que la modernisation des outils informatiques, qui amélioreront les conditions de travail de tous,

- parce que dans un contexte économique très contraint et un contexte politique incertain, la nouvelle université sera plus forte pour négocier avec les tutelles,

- enfin, au-delà des incertitudes liées à toute nouvelle construction, parce que la fusion créera l’opportunité d’obtenir le meilleur des deux universités en termes de formation et de recherche,

la section SGEN-CFDT de l’UPMC, fidèle à sa tradition de syndicat progressiste rejetant tout conservatisme ou opportunisme, a approuvé le projet de fusion de l’UPMC et de Paris Sorbonne.

Nous mesurons bien l’ampleur du défi que constitue la création de cette nouvelle université et nous agirons pour que celle-ci se fasse en impliquant pleinement les personnels.


Une Sorbonne humaine » - Déclaration préalable

Monsieur le Président, Madame la Vice-Présidente, Mesdames et Messieurs les membres du Conseil d’Administration,
Comme vous le savez, la dernière campagne électorale s’est jouée essentiellement autour de la question de la fusion de notre université avec l’université Pierre et Marie Curie. Les listes « Une Sorbonne humaine » ont défendu une position claire, consistant à s’opposer à un tel projet. Notre établissement bénéficie en effet d’un prestige inégalé, parmi les universités françaises, à l’échelle mondiale, ainsi que le prouvent les très nombreux étudiants étrangers que nous recevons et la reconnaissance dont nous jouissons partout dans le monde. De sorte qu’un classement comme celui de Shanghai, qui ne reconnaît pas les rares universités purement vouées aux lettres et aux sciences humaines comme la nôtre, n’a guère d’importance. En devenant une simple « faculté » dans un énorme ensemble qui compterait plus de 60 000 étudiants, nous pensions que nous avions beaucoup à perdre et très peu à gagner. Comme toute institution prestigieuse, la Sorbonne est une exception ; on veut lui faire perdre ce statut exceptionnel en permettant à une autre institution, l’université Pierre et Marie Curie, à vocation exclusivement scientifique, de bénéficier de ce nom convoité. C’est donc notre nom qu’on nous achète. Mais combien nous le paie-t-on ? Aujourd’hui, l’unique argument en faveur de la fusion semble être l’Idex, qui représente, comme l’on voudra, 6% du budget de notre université, ou 15% de son seul budget de fonctionnement (mais l’Idex n’est pas un budget de fonctionnement). Cet argument est-il suffisant pour engager l’avenir d’une université brillante et prestigieuse comme la nôtre ? Nous pensons que non, car les préjudices seraient considérables. Un tel gigantisme universitaire présenterait le risque d’une bureaucratie paralysante et les inévitables mutualisations de services aboutiraient à la réduction des personnels BIATSS et à un sous-encadrement de nos étudiants. Du point de vue de l’enseignement, l’organisation des études en deux disciplines, une majeure et une mineure, où les lettres seraient bien trop souvent la mineure des sciences, conduirait non seulement à limiter la présence d’étudiants purement littéraires dans notre université, mais à conduire à des formations peu spécialisées et relativement sommaires. L’effet sur les champs disciplinaires que nous représentons pourrait être grave. Certaines disciplines rares que nous sommes les seuls, ou presque, à représenter dans le paysage universitaire français pourraient n’avoir plus guère de place, ou cesser d’être des formations diplômantes. Enfin, remettre en question, au nom de l’Idex, l’existence même de notre université nous paraît être une vision à bien court terme : reconfigure-t-on l’organisation des universités parisiennes en songeant simplement aux quelques années à venir ? Que sera ce mastodonte universitaire dans dix ou vingt ans ? Opposés à la fusion, nous avons néanmoins accepté très volontiers l’invitation qui nous a été faite à participer au groupe de réflexion sur les structures de cette nouvelle université. Nous l’avons fait dans un esprit constructif, d’échange et de dialogue, mais avec en mémoire, bien sûr, les promesses faites par les partisans de la fusion au cours de la campagne : une structure neuve allait voir le jour, nous avait-on dit, un modèle inédit d’université garantissant l’autonomie de gestion de ses trois facultés. Les discussions qui ont eu lieu et les statuts tels qu’ils ont été conçus sont-ils conformes à ces promesses ? Sont-ils de nature à nous faire changer d’opinion ? La réponse est non. En effet, au fil des discussions, nous avons limité nos exigences à deux seulement, celles qui nous paraissaient essentielles. Nous souhaitions, comme à l’université de Grenoble, une participation des trois facultés à la gouvernance, au moins au niveau des Vice-Présidences à la Formation et à la Recherche. Et nous souhaitions, comme cela avait été promis par l’équipe dirigeante au cours de la campagne, une étanchéité totale, limitée du reste à la dotation ministérielle, du budget des trois facultés. Nous n’avons même pas demandé que soit respecté l’autre engagement électoral, celui d’un droit de véto des facultés sur les éventuelles suppressions de poste. Nous savions fort bien que cette promesse n’était pas tenable : on ne peut pas inventer totalement les statuts d’une université, qui sont soumis à l’agrément ministériel, et un tel véto ne s’est tout simplement jamais vu.
Or ni l’une ni l’autre de nos demandes, pourtant très mesurées, ne se trouve satisfaite par les statuts qui nous sont proposés aujourd’hui. Aucune garantie ne nous est donnée qu’au fil des ans, les budgets littéraires ne seront pas redéployés dans les autres facultés et que nous ne deviendrons pas un réservoir où puiser pour permettre la création de postes scientifiques. De même l’encadrement administratif n’est pas garanti et les postes BIATSS ne disposent d’aucune protection. On nous assure que la fusion n’entraînera aucune suppression de poste : sur le moyen et le long terme, rien ne l’assure et progressivement, les lettres et les sciences humaines verront immanquablement leurs postes drastiquement réduits par l’autorité centrale sans aucun moyen pour nos successeurs de s’y opposer. L’union, par ailleurs, avec une université qui a supprimé 87 postes de BIATSS en cinq ans, et 88 postes d’enseignants-chercheurs, n’est pas de nature à nous rassurer à ce propos. Une logique purement gestionnaire dictera les décisions et, selon cette logique, nos disciplines, jugées non « rentables », seront sacrifiées, comme elles le sont déjà dans toutes les universités fusionnées.
Ainsi, non seulement le principe même d’une telle fusion, mais ses modalités concrètes, nous paraissent dangereuses pour les disciplines que nous représentons, pour nos étudiants, ainsi que pour nos collègues, enseignants et BIATSS. Mesdames et Messieurs les membres du Conseil d’Administration, le choix que nous avons à faire aujourd’hui est donc grave. Il ne s’agit pas de s’accrocher au passé, mais de nous demander si la brutale rupture qu’on nous propose est un progrès ou au contraire un pas de plus vers la destruction des humanités, des savoirs non-scientifiques, ainsi que des formations universitaires. Le vote qui aura lieu aujourd’hui est un vote à bulletins secrets ; dans le secret de l’isoloir, il en appellera à la conscience de chacune et de chacun d’entre nous. Chers collègues qui avez été partisans de la fusion, ni vous, ni nous, ne sommes là pour obéir à des mots d’ordre. Vous avez formé le beau rêve d’une université gigantesque et puissante, mais songez que votre engagement a été pris au nom de garanties qui aujourd’hui ne sont pas respectées. Songez qu’au nom d’une Idex dont l’apport est indéniable, mais relatif, c’est notre Sorbonne des humanités, cette Sorbonne humaine, qui pourrait se voir sacrifiée.
Chers collègues BIATSS, vous ne savez que trop bien que l’administration de notre université souffre aujourd’hui d’un sous-encadrement et d’une situation à flux tendu. La fuite en avant, la création d’une superstructure supplémentaire, la mise en place d’une administration centralisée gérant des effectifs considérables, accompagnées d’inévitables suppressions de postes, vous paraissent-elles de nature à régler cette difficulté ou au contraire à nous conduire à une crise bien plus grave encore ? Et quel service vous et nous enseignants pourrons-nous rendre à nos étudiants ?
Chers étudiants, avez-vous rêvé d’appartenir à un établissement où le gigantisme sera générateur d’anonymat et où vous serez réduits à n’être que des numéros dans des logiciels ? Que seront vos études dans cette sorte de saupoudrage de disciplines hétérogènes où ne figurent même pas le droit, ni les sciences économiques ? Car l’université Paris II, dont on nous avait assuré qu’elle nous rejoindrait dès la fin des élections, non seulement dans la ComUe, mais aussi dans l’université fusionnée, s’est en réalité prudemment abstenue d’entrer dans ce processus.
Enfin, Mesdames et Messieurs les personnalités extérieures du Conseil d’Administration, vous qui représentez la place de notre université dans la société, vous serez les arbitres de ce débat. Vous paraît-il opportun, pour construire l’avenir de l’université, de restaurer le modèle de l’enseignement de masse des années 60 ? Vous paraît-il prudent, à quatre mois d’une échéance électorale qui redistribuera les cartes de l’enseignement supérieur en France, de prendre une décision aussi coûteuse qu’irréversible ? Ne vous semble-t-il pas au contraire que l’urgence est d’attendre et de nous adapter, pendant qu’il est encore temps ? Dans le secret de l’isoloir, c’est tout l’avenir de notre université, de nos disciplines, de nos savoirs, de nos étudiants, que nous allons engager. C’est l’université que nous laisserons à nos successeurs, à nos collègues de demain. Nous demandons à chacune et à chacun, dans l’isoloir, de faire abstraction des engagements et des projets qui ont précédé, des institutions et des équipes auxquelles nous appartenons, et, en son âme et conscience, de faire le choix qui conduira à l’université à laquelle nous aspirons.


Déclaration des élus « Nous sommes l’université » au Conseil d’administration du 20 janvier 2017

La fusion des universités Paris IV et Paris VI aboutira-t-elle à la création d’une grande université pluridisciplinaire ? Si tel était le cas, si ce projet émanait d’une initiative locale, alors nous aurions tous pu le soutenir. En réalité, cette fusion se réduit à la création d’un objet purement technocratique imposé par le jury de l’IDEX.

A l’échelle de l’île de France, pas moins de 4 projets d’universités pluridisciplinaires différents sont lancés. Aucun de ces projets de fusion n’est à l’initiative des communautés universitaires concernées, tous résultent d’une soumission volontaire des présidences aux injonctions du jury international d’Idex. Rappelons la défiance des équipes présidentielles, entre elles et vis-à-vis de la communauté universitaire, lors de l’élaboration des candidatures Idex. Rappelons le secret qui a entouré la rédaction du dossier SUPER et l’opacité qui continue de régner sur l’utilisation des fonds.

La carotte de 25 millions d’euros du Grand Emprunt – à répartir entre 4 établissements —, ne profite déjà qu’à quelques privilégiés. Elle sera encore plus largement amputée pour nourrir la couche bureaucratique supplémentaire créée par la fusion. Si l’université Paris VI compte déjà 16 vice-présidents et des dizaines de chargés de mission, quel sera l’effectif de l’armée mexicaine post-fusion ? Signe avant-coureur de la gabegie à venir, les 270 000 € versés à deux cabinets de conseil semblent s’être évaporés puisqu’aucun rapport n’a été transmis aux conseils d’administration des universités concernées.

Pourquoi décider d’une fusion sans partager au préalable un état des lieux ? Pourquoi décider d’une fusion sans établir clairement les avantages, sans évaluer les risques et sans débat éclairé ? Comment nous satisfaire de l’impréparation qui caractérise les volets budgétaire et organisationnel de la fusion annoncée pour la fin de l’année ? L’objectif économique affiché est de préserver l’accès annuel aux quelques 25 millions d’euros liés aux intérêts du grand emprunt, mais, demain, quelle sera le montant de la subvention de l’État ? Et quel sera le coût récurrent de fonctionnement de l’étage administratif supplémentaire ? Quels seront les coûts indirects du fonctionnement en facultés ? Qui peut croire que cette fusion s’effectuera sans alignement des pratiques de Paris IV sur celles de Paris VI en matière de pilotage de l’enseignement et de la recherche ? La future faculté des Lettres et Sciences humaines est-elle si désireuse d’expérimenter dans la nouvelle université la forme autoritaire de « dialogue de gestion » que nous connaissons ?

Au passage, on assistera à un racornissement supplémentaire de la démocratie avec l’empilement des instances et l’éloignement des lieux de décision stratégique. Le caractère antidémocratique de cette fusion apparaît déjà dans le choix des membres supplémentaires du CA, avec le refus de garantir dans le projet de décret la prise en compte du résultat des dernières élections. De même, concernant l’impact de la fusion sur les conditions de travail, le report de l’expertise demandée par le CHSCT dès le 7 juillet 2016 montre un mépris inquiétant envers le personnel quant aux risques psycho-sociaux entraînés par cette fusion. Qui peut croire que celle-ci s’effectuera sans accroissement de la souffrance au travail ?

Le vernis pluridisciplinaire de cette opération peine à cacher son absence de logique scientifique ou pédagogique. Il ne s’agit que d’une des étapes d’un processus de création de pôles universitaires concurrentiels, qui compromettra encore plus les coopérations scientifiques établies de longue date entre universités (pour Paris VI, avec Paris VII ou Paris XI-Orsay par exemple).

Les élus Nous sommes l’université voteront contre le projet de fusion des universités Paris VI et IV proposé aujourd’hui.