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(In)efficience et coûts cachés du néo-management : l’exemple de l’ANR - Yann Bisiou, Le Sup en maintenance, 15 juillet 2017

lundi 17 juillet 2017, par Pr. Shadoko

Le financement sur projets est le symbole par excellence du New Public Management et des théories libérales. Foin des dotations récurrentes, les services publics doivent mériter leurs crédits et se battre pour décrocher les moyens de remplir leurs missions. Pas de projet, pas de recherche !

Le SUP est un terrain de jeu rêvé pour ces idéologues, mais ils se gardent bien d’évaluer l’efficience du dispositif qu’ils ont créé. La publication des résultats détaillés de l’appel à projets ANR-AAP générique par News Tank, l’agence d’information spécialisée dans l’éducation, est l’occasion de faire une estimation de ces coûts cachés que les libéraux omettent soigneusement de calculer. Et là surprise ! Le financement par projets est ruineux. Certes on s’en doutait, mais quand on fait le calcul, même de façon très sommaire, l’ampleur des coûts impressionne : l’appel à projets coûte plus cher que les sommes distribuées !

Dans la première phase de l’AAP générique 2017 les universités et les labos de recherche ont dépensé 91,55% du budget de l’appel à projets pour candidater ! En clair l’État a obligé ses opérateurs à dépenser 357,2M€ de crédits publics pour obtenir 390,2M€ de crédits publics !

Quand on ajoute les coûts de fonctionnement de l’agence, ceux des multiples conseillers, cabinets d’audit et autres organismes qui prospèrent sur le fumier du libéralisme, pour 1€ de crédits de recherche ANR, l’État et ses opérateurs auront dépensé plus de 1€ de crédits publics. Et encore, je ne prends ici que l’exemple de l’ANR. Si on fait le calcul sur le Commissariat Général aux Investissements d’Avenir, les PIA et les IDEX de l’Institut Montaigne et de MM Coulhon, Schweitzer, Korolitsky, Fuchs & consorts , les ratios sont explosés. Les libéraux font payer leur idéologie par le contribuable français.

Alors bien entendu ces estimations sont faites à la louche. La méthode utilisée n’est pas plus fiable que celles de l’Institut Montaigne, Terra Nova, le Cercle des économistes, Élizabeth Tessier, François Lenglet ou BFMTV. Mais elle ne l’est pas moins ! Vous trouverez ci-dessous le détail du calcul. Vous pouvez le refaire, le contester, modifier les paramètres et m’adresser votre propre calcul : je suis prêt à le publier et à le critiquer à mon tour. Dans tous les cas, le coût du new public management est tel qu’il ne sera jamais concurrentiel comparé au financement récurrent qui ne nécessite qu’un ou deux agents pour transférer les crédits à tous les établissements de l’ESR. Le financement sur projets n’est donc pas un mode de bonne gestion, mais un outil idéologique de précarisation et de contrôle qui permet à un clan minoritaire d’asseoir son pouvoir sur la majorité en créant une pénurie fictive de biens. Vieille technique du marketing…

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Le financement sur projets et le new public management sont au libéralisme ce que le Gosplan était au communisme soviétique : une ruine pour le pays. Dès lors plutôt que d’annuler 95M€ de crédits aux universités, 51M€ à la vie étudiante, et 27,6M€ à la recherche, si les politiques en marche veulent être transparents, efficaces et soucieux des deniers publics, qu’ils jettent cette idéologie malfaisante aux orties et qu’ils distribuent, en dotation récurrente les 390,2M€ d’AAP aux universités et aux labos après avoir fermé l’ANR, le CGI, le HCERES et tous les organismes inutiles et coûteux créés par leurs amis.

Pendant ce temps, je vais soumettre à l’ANR un projet de recherche sur l’estimation des coûts cachés de l’ANR. Avant qu’elle ferme.

Estimation des coûts cachés :

Chaque item varie selon la discipline, le labo et l’établissement. Les coûts d’un projet ENS n’auront rien à voir avec ceux d’une université de province... Chaque item peut être contesté, discuté et c’est même le but de l’exercice ! On s’apercevra dans tous les cas que le financement sur projets est plus coûteux qu’une dotation récurrente

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La suite du calcul (et les commentaires) sur le blog de Yann Bisiou (merci à lui !!!)