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Ecrivons à nos députés, sénateurs, conseillers régionaux, maires : une initiative des personnels de l’Université de Reims

jeudi 19 mars 2009

Reims, le 18 mars 2009

Madame la maire, la conseillère municipale, la conseillère régionale, la conseillère générale, la députée, la sénatrice, /Monsieur le maire, le conseiller régional, le conseiller général, le conseiller municipal, le député, le sénateur



Des dizaines de milliers de personnes, étudiants et personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche défilent depuis le 29 janvier dernier dans toutes les villes universitaires pour s’opposer à la destruction de leurs institutions, de leurs statuts et de leurs conditions de travail ou d’étude. Le rejet de la politique de la Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Valérie Pécresse, est massif, sans précédent. Ce faisant, en défendant la formation et la recherche, nous avons conscience de défendre aussi l’avenir du pays et de ses territoires. 



Hélas, le président de la République, Nicolas Sarkozy semble persister dans sa volonté de ne pas prendre en considération cette colère. Son discours de mépris du 22 janvier, qui n’a pas été officiellement contredit, a révélé que sa vision de l’université et de la recherche était à la fois marquée par une profonde méconnaissance de ce secteur et des réalités du métier d’enseignant-chercheur et par l’obsession idéologique de mettre au pas ses institutions et ceux qui les font vivre. Les prétendus « gestes » des ministres de l’Enseignement Supérieur et de l’Éducation Nationale ne reviennent en rien sur des réformes qui scandalisent la communauté universitaire dans son ensemble. La « réécriture » du décret relatif au statut d’enseignant chercheur réalisée par Valérie Pécresse et des délégués d’organisations non représentatives de la communauté universitaire n’a procédé qu’à des ajustements cosmétiques, de l’aveu même du conseiller de l’Élysée Claude Guéant. Aucun accord final n’a d’ailleurs été obtenu entre les parties de la dite « négociation », aux dires de plusieurs organisations qui y ont participé et qui menacent de bloquer ce texte au CTPU (Comité technique paritaire des personnels de statut universitaire) des 23-24 mars prochain. Le projet de décret, en l’état, ne garantit toujours pas le principe de l’indépendance de la recherche des universitaires et s’il prévoit un temps de service d’enseignement minimal, il n’en fixe aucune limite maximale. Les 192 h sont un chiffre de référence n’ayant aucun caractère contraignant : les services d’enseignement, avec peut-être les droits d’inscription, seront donc l’une des variables d’ajustement des budgets des universités « autonomes ». 


Le projet de "mastérisation" du recrutement des enseignants du primaire et du secondaire, même légèrement revu par Xavier Darcos, signe en l’état un affaiblissement de la formation professionnelle (suppression de l’année de stage) et de la formation disciplinaire des futurs enseignants (épreuves de concours de niveau « licence »). Son but essentiel est de stopper à brève échéance les recrutements d’enseignants fonctionnaires sur concours en fournissant des diplômés de Master ayant vocation à être recrutés par contrats. Sous couvert de réformer un système d’enseignement public de la maternelle au supérieur, c’est la fin de la fonction publique d’enseignement et de recherche qui est programmée. On prend pour cela le risque d’abaisser encore la qualité des formations et des recherches et d’en précariser les acteurs.


La conjonction de ces réformes et l’évolution propre du budget et du nombre de postes à l’Université de Reims Champagne-Ardenne laissent planer un doute sérieux sur l’avenir de la recherche au sein de celle-ci. Il apparaît aux yeux de beaucoup d’entre nous que l’Etat a décidé d’abandonner cette université à un destin de simple collège universitaire, au mépris des besoins et des désirs des étudiants de la région.


Face à la demande du monde universitaire, unanime comme rarement, de retirer cette nouvelle mouture du projet de décret relatif au statut des enseignants-chercheurs, d’abandonner le projet dit de « masterisation » du recrutement des enseignants, d’engager un plan pluriannuel de recrutement, de revenir sur les suppressions de postes, de stopper le démantèlement des organismes de recherche, le gouvernement persiste dans une attitude de mépris de la communauté universitaire. De ce fait, alors que nous en sommes à la sixième semaine des actions déclenchées le 2 février, les modalités de ces actions ne cessent de se radicaliser (blocage des campus, démissions des responsabilités administratives et pédagogiques). Ainsi, c’est au gouvernement que revient la responsabilité d’une situation qui met en péril le deuxième semestre de cette année universitaire. Nous vous invitons donc à nous apporter votre soutien dans toutes les enceintes politiques et médiatiques où vous agissez et à venir à notre rencontre sur les campus et dans les manifestations publiques auxquelles nous appelons, en particulier dans les défilés du jeudi 19 mars.


Veuillez agréer, Madame la maire/députée/sénatrice/Monsieur le maire/député/ sénateur, nos salutations citoyennes. 



Vigilamus, Collectif d’enseignants, d’enseignants-chercheurs, de BIATOSS, syndiqués (SNESup) et non syndiqués de l’Université de Reims Champagne-Ardenne.