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Pas de roi soleil pour la COMUE Paris Lumière !

samedi 13 juin 2015, par Mr Croche

Pour la première fois depuis l’existence des ComUE une élection à la présidence a débouché sur un échec cuisant de la candidature "majoritaire", battue par 20 voix contre 18.
L’élection à la présidence de l’UPL sera-t-elle le feuilleton de cette fin d’année universitaire ?

L’élection à la présidence de la ComUE UPL a débouché sur un échec cuisant pour la liste "majoritaire" lors de la première réunion du CA. Le déni de démocratie impliqué par l’article 6 des statuts est ainsi désavoué par la majorité des membres de ce premier CA.

Article 6.1 : Election du président et des vice-présidents
Le président est élu sur proposition du conseil des membres, à la majorité absolue au premier tour et relative au (x) tour(s) suivant(s) des membres du conseil d’administration. Il est élu pour quatre ans. Le premier vice-président et le vice-président chargé des questions et ressources numériques sont élus dans les mêmes conditions.

Le résultat de l’élection est un désaveu majeur pour la proposition de candidature unique du "conseil des membres" de la ComUE :

Article 11.1 : Le conseil des membres réunit les présidents des universités membres ou leur représentant et le président de l’organisme de recherche membre ou son représentant. Le président du conseil des membres est le président de la COMUE. Les représentants des associés peuvent être invités au conseil des membres.

Ce conseil visait à faire approuver de façon plébiscitaire (oui/non/abstention) le choix du "ticket"
- Pierre André Jouvet pour la présidence, PR à Paris-Ouest, VP sortant de la ComUE ;
- Claude Dargent pour la vice-présidence, PR à Paris 8, conseiller de Paris PS.

Episode 1 : 21 avril 2015, motion adressée au conseil des membres.

Les élu-e-s des listes « Décidons en commun de notre avenir » des universités Paris 8 et Paris Ouest Nanterre La Défense, les élus des listes La Dionysoise, FERC SUP-CGT et SGEN CFDT de l’Université Paris8 :

s’élèvent contre la procédure utilisée par le conseil des membres de la ComUE « Université Paris Lumières » pour organiser l’élection du président de la ComUE. Nous avions noté que, malheureusement, contrairement à ce qui s’est fait dans la plupart des autres ComUE, l’article 6 des statuts de la COMUE UPL réservait au seul « conseil des membres », restreint en l’occurrence à trois personnes avec droit de vote, la possibilité de « proposer » les candidatures à la présidence de la COMUE et à ces vice-présidences.

Toutefois, même dans le cadre de ces statuts, nous considérons que, dans un souci de démocratie, il eût été normal que cette « proposition » fût précédée d’un appel à candidatures tenant compte des résultats des élections aux conseils de la ComUE ou des éventuelles candidatures de collègues (comme cela a été, par exemple, le cas récemment pour l’élection à la présidence de la ComUE Sorbonne Paris Cité). Une lecture plus démocratique de l’article 6.1 des statuts de la ComUE dans lequel il est écrit que « le président est élu sur proposition du conseil des membres » pourrait être faite et il n’est pas interdit de considérer qu’imposer des candidats uniques relève d’une interprétation au bas mot restrictive de l’article 6.1 des statuts de la ComUE, article dans lequel il n’est pas écrit que les candidat-e-s à la présidence et aux vice-présidences devraient être « désigné-e-s » candidat-e-s uniques par le conseil des membres.

Episode 2 : 8 juin 2015, lettre des président-e-s adressée aux élus des conseils de l’UPL

- La présidente de l’université Paris 8, Danielle Tartakowsky ;
- Le président de l’université Paris Ouest Nanterre La Défense, Jean-François Balaudé.

Mesdames, messieurs les membres des conseils de la COMUE Université Paris Lumières,

Conformément aux statuts de la COMUE et à la logique confédérale à laquelle nous sommes attachés, les trois membres de la COMUE (Université Paris 8, Université Paris Ouest Nanterre La Défense, CNRS) ont proposé les noms de Pierre-André Jouvet, Professeur à l’université Paris Ouest Nanterre La Défense, et de Claude Dargent, Professeur à l’université Paris 8, pour assurer respectivement les fonctions de Président et de premier Vice-président de la COMUE.

Ces deux collègues dont l’un a été vice-président de la COMUE et l’autre membre de son bureau nous apparaissent en effet comme les mieux à même de porter les orientations définies dans le contrat de site au bénéfice des établissements membres et associés à la COMUE. Ils se sont engagés, comme leurs professions de foi en témoignent, à respecter strictement la logique confédérale, par laquelle les universités et l’organisme sont et restent les véritables pilotes de la COMUE, et à défendre tout ce qui permettra à la COMUE d’aider chacun des établissements à faire plus et mieux que ce dont il serait capable tout seul.

Toujours en conformité avec la logique confédérale, dès lors que le président de la COMUE est, de par la règle de l’alternance inscrite dans les statuts, un enseignant-chercheur issu de Paris Ouest, le fait que le président ou la présidente du conseil académique soit un enseignant-chercheur issu de Paris 8 permettrait d’assurer l’équilibre souhaité entre les deux universités membres ; la vice-présidence numérique, dont l’installation est rendue obligatoire par la loi, reviendrait alors à Paris Ouest.

La COMUE Université Paris Lumières constitue le plus grand pôle national en sciences humaines et sociales. Nous avons tous les atouts pour faire rayonner au niveau national et international tant sur les dimensions artistiques, culturelles et patrimoniales que sur les questions sociales et politiques, avec une approche innovante et engagée qui fait l’identité de nos universités depuis leur fondation.

Nous espérons vivement que l’installation des conseils et de leurs présidences permettra, dès la rentrée, de se mettre à l’ouvrage.

Episode 3 : 10 juin 2015, réponse des élus des listes Décidons en commun de notre avenir

Madame la Présidente, Monsieur le Président
 Nous accusons réception de votre lettre qui nous arrive deux jours avant la réunion du CA de la ComUE.
 Si nous comprenons bien ce texte, non seulement le comité des membres décide seul, c’est-à-dire sans consultation aucune et sans tenir le moindre compte des résultats des élections au suffrage direct, sur les noms des « candidats » uniques pour lesquels il nous fait la grâce de nous laisser (quand même) voter, mais il tient à nous répéter qu’il souhaite vraiment cette élection et nous engage à "bien" voter. A vrai dire le contraire eût été étonnant. Il y a là une forme d’intervention tautologique, qui frise par ailleurs le mélange des genres...

 Quel est donc l’objectif de cette missive ? Nous dire que le candidat-président a été le VP sortant de la ComUE, ce qu’il avait oublié ou omis de faire figurer dans son CV ? Pas sûr. On est en droit de se demander s’il s’agit là en définitive de nous rappeler que, non seulement il faut "bien" voter pour les postes de Président et de vice-Président, mais qu’il faudra aussi le faire pour la présidence du CAC, qui constitue l’espace d’expression le plus démocratique d’une ComUE qui n’en a pas beaucoup, comme le candidat à la présidence de la ComUe l’a lui-même rappelé vendredi dernier lors de sa présentation. Or les personnes désignées pour le pilotage de la ComUE (présidence, vice-présidence, CAC) l’ont été notoirement avant les élections et votre lettre vient justement nous rappeler qu’il n’est pas question de revenir sur de tels choix. De plus, le fait qu’il n’y ait aucune collègue dans ce ticket à trois têtes ne semble même pas heurter votre conception d’une parité qui est pourtant devenue la règle dans nos conseils. 
 Ce qu’il y a de « gênant » avec la démocratie véritable et avec les processus électoraux c’est qu’on ne contrôle pas les résultats : mieux vaudrait l’admettre que de se lancer dans des contorsions dialectiques pour démontrer que les seuls candidats légitimes sont ceux que vous avez adoubés.

Episode 4 : l’élection

Les représentants élus toutes tendances confondues ont refusé de se voir imposer des candidats désignés alors que les statuts n’empêchent nullement la présentation de plusieurs candidatures. Alors que pour les présidences, les candidats ne peuvent être que l’émanation des positions et choix des établissements porteurs de la COMUE. Ce sera l’argument essentiel durant les 2h30 de débat.
Résultat de l’élection : 20 voix contre les candidats, 18 pour.
Un nouveau CA sera convoqué.
Il a été demandé au conseil qui préside la COMUE (P8, P10, CNRS), de tenir
compte de ce vote/désaveu et d’autoriser la présentation de plusieurs candidatures.

Episode 5 : première réaction

A Paris 8, le message de la Présidence aux personnels de l’Université est laissé à votre appréciation, à la lumière des informations ci-dessus.

Cher(e)s, collègue(s),

Le Conseil d’Administration de la COMUE Paris Lumière s’est réuni aujourd’hui pour élire son nouveau président.

Ce premier vote n’a pas permis qu’un nouveau président soit élu. De ce fait, le conseil des membres va prochainement se réunir une nouvelle fois afin d’envisager un nouveau scrutin pour l’élection du président(e) de notre COMUE.

La Présidence.

Dans les prochains épisodes :

D’autres réactions, à Paris 10 ? au CNRS ?
Faudra-t-il revoter pour les mêmes ?
Jusqu’à ce qu’ils soient élus ??
Y aura-t-il de nouveaux candidats ?
La demande des élus pour des candidatures multiples sera-t-elle entendue par le conseil des membres ?