Accueil > Revue de presse > Tribunes > Paul Devin : « Pour améliorer la formation des enseignants, il ne suffira pas (...)

Paul Devin : « Pour améliorer la formation des enseignants, il ne suffira pas d’être “ inventif ” »- tribune du Monde, 6 août 2018

lundi 6 août 2018, par Laurence

Le secrétaire général du syndicat des inspecteurs SNPI-FSU, Paul Devin, estime, dans une tribune au « Monde », que les projets de transformation du service public de l’éducation annoncés le 2 août par le gouvernement relèvent surtout d’une stratégie communicationnelle.

Tribune. Le discours gouvernemental qui, au cœur de l’été, annonce des transformations profondes pour l’éducation nationale assure être guidé par la volonté de mieux utiliser les moyens du système éducatif pour la réussite de tous les élèves. Mais quelle est la capacité d’une politique à nourrir une telle ambition dans le cadre d’une doxa budgétaire qui exclut que les nouveaux investissements nécessaires pour atteindre cette finalité soient envisagés ?

Commençons par un exemple simple. La quasi-totalité des acteurs admet que la modalité d’alternance qui régit la formation initiale des enseignants ne convient pas, parce que le temps pendant lequel ils se voient confier la responsabilité d’une classe est trop important pour être compatible avec les exigences de leur formation. C’est d’autant plus vrai que les ressources d’accompagnement de ces enseignants stagiaires sont réduites. C’est précisément l’insuffisance des moyens d’enseignement qui a conduit à ce que ces stagiaires fassent classe à mi-temps.

Il est donc légitime de se demander s’il sera possible d’améliorer la formation initiale sans créer des postes de professeurs qui permettraient de réduire le temps en classe des stagiaires. A défaut de quoi, on devra se contenter de réorganisations superficielles sans incidences réelles sur le développement des compétences professionnelles des enseignants débutants.

Rémunération selon le mérite

On pourrait prendre d’autres exemples, notamment celui de la formation continue dont les gestionnaires savent que son insuffisance actuelle est due au manque de moyens qui permettent son organisation. Le discours qui voudrait faire croire qu’il suffirait d’être inventif, de sortir des sentiers battus, de renoncer à des habitudes installées n’a que la vertu d’une stratégie communicationnelle.

Il sous-entend que le problème de la fonction publique serait d’être enfermée dans son pré carré et de refuser toute évolution, alors même que les organisateurs de la formation continue ne cessent depuis des années d’inventer des modalités nouvelles pour tenter de compenser au mieux la baisse continue des moyens. Ils sont arrivés à un stade où les transformations opérées relèvent de l’acrobatie et ils sont désormais incapables d’une réponse à la hauteur des besoins.

Pour lire la suite