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Crise sanitaire : les universités, angle mort du gouvernement - tribune, Libération, 12 janvier 2021
mardi 12 janvier 2021, par
Par Yannick Trigance, Secrétaire national PS à l’Education et à l’enseignement supérieur, conseiller régional Ile-de-France et Isabelle Rocca, Secrétaire national PS adjointe à l’Education populaire. adjointe aux Affaires scolaires Paris 12ème
La gestion de la crise par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche met en danger une génération entière d’étudiants, tant sur le plan de leur formation que sur celui des risques psycho-sociaux.
L’enseignement supérieur a été totalement absent du discours du Premier ministre lors de la conférence de presse du 7 janvier 2021 largement consacrée aux vaccins. Une fois de plus, gouvernement, ministère et, de fait, présidence de la République relèguent le monde universitaire au rang des accessoires dans cette crise sanitaire, bien loin des attentes et des alertes légitimes de leurs acteurs, qu’il s’agisse des étudiants, des enseignants ou encore des directions d’établissements.
Depuis le mois de septembre, la désorganisation du monde universitaire est criante, alimentée par l’impréparation du ministère, l’absence de dialogue, de concertation, de diagnostics partagés et par la succession d’annonces imprécises et à contretemps.
Année universitaire hors normes
La gestion de la crise par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche via des circulaires floues et irréalisables sur le terrain met clairement en danger une génération entière d’étudiants, tant sur le plan de leur formation que sur celui des risques psychosociaux.
Elle fragilise également tous les acteurs du service public de l’enseignement supérieur à qui l’on demande d’assurer une année universitaire hors normes, sans moyens supplémentaires ni mesures d’accompagnement spécifiques, sans considération non plus pour la surcharge de travail liée à la mise en place d’enseignements en ligne et au suivi individualisé des étudiants.
Après une rentrée totalement improvisée et un automne chaotique qui n’ont permis ni d’assurer la continuité pédagogique, ni d’enrayer le décrochage universitaire ou la surprécarisation des étudiants les plus fragiles, la rentrée de janvier confirme la coupable cécité mais également la désinvolture du gouvernement.
« Publics étudiants fragiles »
La gestion de crise du coronavirus par le gouvernement accélère le creusement des inégalités dans l’enseignement supérieur. Et la récente préoccupation du ministère pour les « publics étudiants fragiles », aux contours pour le moins flous, au moyen d’une circulaire en date du samedi 19 décembre visant à signer le retour en petits groupes des étudiants à l’université le 4 janvier, se révèle être un leurre et un échec.
Les modalités envisagées pour la reprise de janvier sont clairement inadaptées aux besoins. La proposition d’un retour sur site uniquement en groupes restreints à dix étudiants considérés comme « fragiles » et autorisés à être présents sur convocation est discriminante et inopérante. Comment les universités peuvent-elles identifier les étudiants potentiellement concernés face aux contraintes actuelles et avec un calendrier tel qu’il est imposé ? Comment peuvent-elles pratiquement mettre en place un tel retour sans annonces claires sur les moyens techniques et humains nouveaux indispensables aux établissements ?